Les marchés : Renault à la casse

La Bourse de Paris reste sans direction claire. Le CAC 40 clôture la séance en baisse, -0,57% à 7722 points. Le marché n'a guère réagi au plan d'économies de 44 milliards d'euros dévoilé par François Bayrou pour 2026. Une annonce importante mais jugée sans impact immédiat pour les investisseurs, qui préfèrent se concentrer sur les signaux macroéconomiques.

Du côté des valeurs, le choc du jour porte un nom : Renault. Le constructeur automobile signe une chute brutale de 18,5%, après un sévère avertissement sur résultats qui a pris le marché à contre-pied. Sans surprise, l'ensemble du secteur automobile a été entraîné dans sa chute. On revient en détail sur ce coup de tonnerre dans cette édition.

La prudence reste de mise à Wall Street comme à Paris. Les chiffres de l'inflation américaine publiés hier ont montré une hausse des prix légèrement inférieure aux attentes, mais toujours ferme à 2,9% hors alimentation et tabac. Si l'inflation devait repartir de l'avant à cause des surtaxes douanières de Trump, l'espoir d'un cycle de baisse des taux risquerait de s'envoler. C'est la principale crainte du moment à Wall Street qui continue globalement de tabler sur une nouvelle baisse des taux en septembre.

Les valeurs : Renault, ASML et Streamwide

Renault s'effondre de 18,47% à la Bourse de Paris après avoir lancé un avertissement sur résultats inattendu pour 2025. Le constructeur automobile a revu à la baisse ses objectifs de marge opérationnelle (6,5% contre au moins 7%, voir lexique) et de génération de trésorerie (entre 1 et 1,5 milliard d'euros contre plus de 2 milliards prévus), invoquant un recul des volumes en juin, un marché grand public en repli et la faiblesse de ses ventes de véhicules utilitaires. Ce premier avertissement depuis 2019 tombe mal, alors que son directeur général Luca de Meo vient de quitter le groupe pour Kering.

La surprise du marché est d'autant plus grande que Renault avait confirmé ses perspectives annuelles début juillet. L'annonce pénalise l'ensemble du secteur auto en France, avec des replis notables chez Stellantis (-6,13%), Forvia (-4,16%) et Valeo (-1,91%). Renault table désormais sur une amélioration au second semestre grâce à une politique centrée sur les réductions de coûts et plusieurs lancements de véhicules. Le titre clôture ce soir à 33,63€, au plus bas depuis janvier 2024 et en recul de 28% depuis le début de l'année.

L'action d'ASML décroche de 11,37%, à 625,8€, à la Bourse d'Amsterdam, effaçant quelque 20 milliards d'euros de capitalisation, malgré des résultats trimestriels supérieurs aux attentes. Le géant néerlandais des semi-conducteurs a rassuré sur ses performances actuelles avec un chiffre d'affaires de 7,74 milliards d'euros et une marge brute de 53,7%, mais il a refroidi les investisseurs avec ses prévisions très prudentes pour 2026. Le PDG Christophe Fouquet a souligné l'incertitude grandissante liée au contexte macroéconomique et géopolitique. Il a refusé de confirmer une croissance de l'activité l'an prochain, malgré le dynamisme du secteur de l'intelligence artificielle. Un discours jugé décevant par les bureaux d'analyse, qui s'inquiètent de l'impact sur le cours d'une valeur pourtant considérée comme solide à moyen terme. Avec la baisse de ce mercredi, le titre cède désormais 7% depuis le début de l'année.

Rebond spectaculaire pour Streamwide qui grimpe de 25% à 55€. Le groupe éligible au PEA-PME affiche une croissance semestrielle de 24% à 11,5millions d'euros. Cette hausse est portée par sa diversification et un projet stratégique pour un acteur nord-américain, dont l'identité est inconnue. Ce contrat marque une étape clé pour développer les revenus récurrents du spécialiste français des logiciels de télécommunications et de communications critiques. Le groupe profite d'une forte dynamique sur ses plateformes pour la sécurité publique et les marchés civils, tout en maintenant la croissance de son activité historique pour les opérateurs télécoms. Confiant pour le second semestre, Streamwide espère transformer cette percée à l'international en nouvelles commandes, consolidant ainsi son profil de croissance à long terme. L'action affiche un gain de 75% depuis le début de l'année.

L'évènement du mercredi

C'est le coup d'envoi de la saison de publication des résultats d'entreprises. Comme toujours, les grandes valeurs financières américaines ouvrent le bal. Goldman Sachs a annoncé aujourd'hui un bond spectaculaire de 22% de son bénéfice au deuxième trimestre, porté par la vigueur de ses activités de trading et de banque d'investissement. La banque a profité de la volatilité des marchés liée à la guerre commerciale de Trump, avec des revenus de trading en hausse de 36%, à 4,3 milliards de dollars. S

on bénéfice net atteint 3,7 milliards de dollars sur le trimestre, soit 10,91 dollars par action. En revanche, la gestion d'actifs recule de 3%, pénalisée par une moindre performance des investissements. La banque a également accru ses provisions pour pertes de crédit. Après 22% de hausse depuis le début de l'année, et +230% sur cinq ans, l'action grappille un peu de terrain dans les premiers échanges. Bien sûr, nous vous tiendrons au courant dans les prochaines semaines des résultats d'entreprises les plus importants.

Le monde d'après : Cap sur Stablecoins !

Bank of America avance à pas mesurés sur le terrain des stablecoins. Son directeur général Brian Moynihan a confirmé que la deuxième plus grande banque américaine planche activement sur ce type de cryptomonnaie dont la valeur est indexée sur un actif stable, comme le dollar ou l'euro, afin de limiter leur volatilité. Moynihan a toutefois précisé qu'aucun calendrier n'est encore fixé. L'établissement reconnaît que la demande de ses clients reste encore limitée, mais juge le sujet stratégique pour rester dans la course aux innovations financières.

Morgan Stanley n'est pas en reste. Sa directrice financière, Sharon Yeshaya, a elle aussi admis que la banque de Wall Street étudie de près l'opportunité de lancer un stablecoin maison. Elle souligne que l'enjeu est d'identifier les usages concrets pour la clientèle, tout en surveillant les initiatives concurrentes pour ne pas rester à la traîne. Dans les deux cas, prudence et réflexion priment sur l'empressement.

Ces déclarations interviennent dans un contexte politique porteur. Donald Trump entend se positionner comme le « président des cryptomonnaies » et promet de favoriser leur adoption aux États-Unis. Pour les investisseurs, le message est clair : les grands acteurs bancaires se préparent à une nouvelle ère où finance traditionnelle et crypto-actifs vont de plus en plus s'entrelacer.

Demain à la une : Inflation et résultats d'entreprises

Au programme ce jeudi, les derniers chiffres d'inflation de la zone euro. Le marché s'attend à une hausse des prix de 2,3% sur un an en juin, identique à celle de mai. Côté américain, le calendrier économique est assez léger, avec les ventes au détail réalisées en juin comme principal indicateur économique. Sur le front des entreprises, Publicis, Netflix et TSMC passeront sur le gril des résultats trimestriels. Un mot enfin de l'aspect technique. Les vendeurs devraient viser les 7 725 et 7 660 points sur le CAC 40 dans les prochaines séances. Et les acheteurs, les 7 800 et 7 865. À suivre !

La marge opérationnelle : La marge opérationnelle

La marge opérationnelle est un indicateur financier qui mesure la rentabilité d'une entreprise sur son activité principale, avant la prise en compte des charges financières et des impôts. Exprimée en pourcentage, elle se calcule en divisant le résultat opérationnel (ou bénéfice d'exploitation) par le chiffre d'affaires. Plus la marge opérationnelle est élevée, plus l'entreprise est efficace dans la gestion de ses coûts par rapport à ses revenus.