Explosion des maladies chroniques et de la dépendance, difficultés d'accès aux soins, déficit de la Sécu qui dérape : le système de santé, en crise, nécessite des « réformes structurelles » mais aussi des « mesures immédiates », a déclaré lors d'une conférence de presse Eric Chenut, président de la Fédération nationale de la Mutualité Française (FNMF), qui regroupe les mutuelles.

Avant de rencontrer le nouveau gouvernement, il a formulé plusieurs propositions, anciennes mais devenues « indispensables » selon lui pour éviter « de jouer du rabot, dérembourser des soins ». Il n'est « plus possible de procrastiner » : les plus de 75 ans représenteront 15% de la population d'ici 2040, contre 9% aujourd'hui, et il est déjà « très difficile » pour les familles de « faire face au coût de la dépendance », a souligné M. Chenut.

La pension de retraite médiane, de 1 500 euros, est inférieure au reste à charge médian en Ehpad

La pension de retraite médiane (1.500 euros) est inférieure au reste à charge médian en Ehpad (2.000 euros) ou lors d'une prise en charge à domicile, argue la Mutualité, qui propose donc « une couverture dépendance généralisée, par répartition solidaire ».

Les Français verseraient une cotisation mensuelle supplémentaire (pouvant aller de 5 à 20 euros, en fonction notamment de la durée de cotisation) pour prodiguer « une rente mensuelle », de 300 à 500 euros, aux personnes dépendantes.

Il serait ainsi possible d'aider des familles « dès l'année prochaine », a assuré M. Chenut. Selon lui, l'ex-ministre Catherine Vautrin (Travail, Santé, Solidarités) était « convaincue » par l'idée, mais a « malheureusement » changé de ministère. La FNMF voudrait aussi « repenser le parcours de soins » pour remplacer le « passage obligé » devant le médecin traitant, devenu trop difficile d'accès, par une logique « d'équipe de soins traitante », constituée d'un médecin et de paramédicaux (infirmier, pharmacien, sage-femmes...).

Pour diminuer la part de soins inadéquats ou redondants, qui représente 50 milliards d'euros annuels selon la Haute autorité de Santé, la FNMF appelle à développer l'usage du « dossier médical partagé », espace numérique d'échange d'informations entre professionnels, où seulement 29% des médecins de ville ont aujourd'hui déposé des documents.

Pour développer la prévention, la FNMF voudrait aussi voir reconnues les actions menées par les mutuelles comme des « prestations remboursables », pour qu'elles puissent être « financées ». Elle réclame aussi un assouplissement des règles sur les données de santé pour permettre de développer « des actions de prévention ciblées ».