Alors que débute la récolte des pommes de terre de conservation, l'UNPT estime que la production sera de 10% supérieure à celle de l'an dernier, avec 900.000 tonnes en plus. Ces tubercules dits "de conservation" sont consommés frais ou destinés à la transformation industrielle pour donner purée, chips ou frites, et constituent la quasi-totalité de la production. Les "primeurs" ou pommes de terre nouvelles (à la peau fine, récoltées avant la complète maturité) représentant en moyenne 50.000 tonnes par an.

Cette hausse des volumes "n'est pas une surprise": "elle est directement liée à l'augmentation des surfaces, qui atteignent 197.000 hectares en 2025, en hausse de 10,3% sur un an, a indiqué vendredi à l'AFP Alain Dequeker, secrétaire général de l'UNPT. "Cette augmentation est commune aux grands pays producteurs du nord de l'Europe : à eux quatre, la France, l'Allemagne, la Belgique et les Pays-bas ont vu les surfaces cultivées augmenter de 55.000 hectares", a-t-il relevé.

Pourtant, rappelle l'agriculteur, cela fait plus d'un an que l'UNPT alerte sur "les risques d'un volume de production dépassant la capacité réelle du marché". Les pommes de terre de conservation constituent la quasi-totalité de la production, dont environ la moitié est destinée à l'industrie, soit en France (pour 21% de la production), soit à l'étranger.

L'abondance qui s'annonce va peser sur les producteurs en France, premier exportateur mondial de pommes de terre : "on a à la fois une crise de l'offre, trop abondante, et de la demande industrielle, qui faiblit", a expliqué Alain Dequeker.

En France, environ 80% du volume acheté par l'industrie est contractualisé, ce qui garantit à l'agriculteur un prix négocié à l'avance sur l'essentiel de sa production.

"Autour de 180 euros" en "sortie de champ"

Le prix actuel de la tonne de tubercules se situe "autour de 180 euros" en "sortie de champ" (juste après la récolte) et peut aller jusqu'à environ 230 euros/t compte tenu des frais de stockage et conservation pour les pommes de terres livrées plus tard dans l'année.

"Les agriculteurs les plus pénalisés seront ceux qui ont peu contractualisé" ou qui "ont produit plus cette année", hors contrat, encouragés par des demandes de certains industriels qui finalement n'achètent plus, a expliqué l'agriculteur.

"Aujourd'hui, on voit des industriels proposer des prix indécents, allant de zéro à 15 euros la tonne. Nous disons aux agriculteurs de ne pas vendre à ces prix, qui équivalent à travailler à perte", a-t-il ajouté.