Alors que le taux du Livret A pourrait de nouveau reculer cet été, des députés s'inquiètent de la manière dont l'épargne populaire est aujourd'hui rémunérée. Dans un rapport présenté à l'Assemblée nationale, Jean-Philippe Tanguy (RN) et François Jolivet (Horizons) appellent à une refonte du système. Leur constat est clair : il faut « réformer » l'épargne réglementée et améliorer l'information des épargnants, notamment sur les effets de l'inflation.

François Jolivet, co-rapporteur du document, déplore un système trop complexe. « L'épargne réglementée est utile, mais nous pensons qu'il faut la réformer dans un sens de plus de clarté, d'efficacité et d'efficience en termes de rendement », a-t-il déclaré devant la commission des Finances. Il pointe un véritable « maquis de livrets », allant du traditionnel Livret A à des produits plus spécifiques comme le livret d'épargne d'entreprise.

Le LEP, toujours trop méconnu

Le rapport met en lumière une méconnaissance persistante du Livret d'épargne populaire (LEP), pourtant bien plus rémunérateur que le Livret A. « Il est jugé que 40 % des Français éligibles n'en disposent pas, alors qu'ils disposent d'un Livret A », souligne François Jolivet. En cause, selon lui : un déficit de conseil de la part des banques. « Ça signifie donc que les banques jouent un rôle de conseil pas complètement performant, puisqu'elles ne dirigent pas l'épargne des Français les plus modestes vers les meilleurs placements réglementaires, alors qu'elles assument une mission d'intérêt général. »

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L'autre point noir, selon les auteurs du rapport, est la perte de valeur liée à l'inflation. Jean-Philippe Tanguy alerte : « L'érosion monétaire est certaine » avec le Livret A, car « la formule de calcul de l'intérêt ne protège plus de l'inflation. » Il met en garde contre une illusion de sécurité pour les petits épargnants : « Des épargnants qui ne connaissent pas, qui ne comprennent pas ou qui n'ont pas eu d'explication ou d'information sur l'érosion monétaire, de bonne foi, pensent que leur épargne est protégée. » Or, même si le capital est garanti « en nominal », il ne l'est pas en termes de pouvoir d'achat.

Pour lui, cette situation crée « un problème de contrat moral entre les épargnants français, en particulier les plus fragiles, et la puissance publique et les institutions qui doivent protéger les épargnants. » Entre 2020 et 2023, « ce sont donc 300 milliards d'euros de pouvoir d'achat qui ont disparu, ou en tout cas qui ont été perdus, à cause de l'érosion monétaire et du manque de défense de l'épargnant des Français. »