Les marchés : le réveil japonais
Dans un climat de marché toujours prudent à quelques jours de la réunion de la Fed, le CAC 40 clôture à l'équilibre ce mardi : -0,28% à 8 075 points. Les investisseurs réagissent surtout aux signaux venus d'une autre banque centrale, celle du Japon. Nous vous en parlions hier, Tokyo serait sur le point de rehausser légèrement ses taux. Cette perspective a entraîné une hausse des taux d'intérêt au Japon, mais aussi sur les marchés obligataires américains et européens.
Cette tension sur les taux profite notamment aux banques françaises, Société Générale (+2,24%) et BNP Paribas (+2,23%) font partie des plus fortes hausses de la séance à la Bourse de Paris. Pourtant, les derniers indicateurs économiques dévoilés, en particulier sur l'activité industrielle en France et dans le reste de la zone euro, ne sont pas très encourageants. Par ailleurs, l'inflation européenne repart légèrement à la hausse, à 2,2% en novembre, un peu au-dessus des attentes.
Les valeurs : Valeo, Michelin et Compagnie des Alpes
Valeo - Valeo reprend des couleurs aujourd'hui. L'action progresse de 0,68% à 11,17€, portée par l'annonce des États-Unis de ramener à 15% les droits de douane sur les importations en provenance de Corée du Sud, une décision rétroactive au 1er novembre. Un allègement qui facilite l'arrivée d'équipements électroniques, un point crucial pour Valeo dont la chaîne d'approvisionnement est sous pression depuis des mois. Cerise sur le gâteau, les ventes du chinois BYD, l'un de ses clients clés dans le secteur automobile, se révèlent meilleures qu'attendu, offrant une deuxième source de soutien au titre. Ce rebond intervient après une journée investisseurs ratée, qui avait coûté 13% au titre et refroidi les marchés. Les analystes de la société de gestion Bernstein avaient d'ailleurs souligné que, dans un contexte nerveux, ne pas impressionner revient à être sanctionné... Le sursaut du jour montre toutefois que Valeo reste extrêmement sensible aux signaux extérieurs. Valeo gagne désormais 26% en 2025.
Michelin - Michelin n'arrive décidément pas à regagner la confiance du marché. L'action recule encore ce mardi de 0,18% à 28,27€, après que Morgan Stanley a abaissé son avis sur le titre. La banque américaine n'y croit plus vraiment à court terme. Elle souligne une visibilité réduite, des volumes en berne depuis quatorze trimestres et un avertissement sur résultats mi-octobre qui a laissé des traces. Sur l'année, le titre perd 11%, l'une des plus mauvaises performances du CAC 40, pénalisé par un marché américain atone, notamment dans les pneus poids lourds et agricoles. Pour Morgan Stanley, le consensus rêve un peu trop d'un redressement rapide. La banque s'attend encore à une chute de son résultat opérationnel en 2025 (-20%), avant un vrai rebond seulement au second semestre 2026. Autrement dit, il faudra s'armer de patience. Le tableau n'est pas noir pour autant, le dividende généreux autour de 6%, les rachats d'actions, le bilan solide, et une potentielle hausse des marges à horizon 2027-2028 tendent à rassurer. Mais pour l'instant, Michelin avance en terrain glissant. Le marché attend la preuve que le géant du pneu peut reprendre la course !
Compagnie des Alpes - Compagnie des Alpes s'offre un sacré tour de manège en Bourse. L'action progresse de 1,34% à 22,75€, après avoir brièvement bondi de plus de 6% ce matin. Deux annonces ont électrisé le marché. D'une part, des résultats annuels au plus haut et l'ouverture du premier Parc Astérix hors de France, en Allemagne. Une avancée stratégique sur l'un des plus gros marchés européens du loisir. Les comptes de l'année restent par ailleurs très solides. Le groupe éligible au PEA-PME améliore fortement sa rentabilité et son bénéfice, qui atteint 107 millions d'euros et annonce un dividende record de 1,10€ par action, supérieur aux attentes. Surtout, les objectifs pour 2025-2026 sont meilleurs que prévu, avec une nouvelle hausse attendue des performances. Malgré une envolée de 50% depuis janvier, le titre reste raisonnablement valorisé et continue de figurer parmi les valeurs favorites des bureaux d'études.
Le monde d'après : La fin d'une époque
Il aura suffi d'une phrase de Kazuo Ueda pour électriser les marchés. La Banque du Japon se dit désormais prête à relever ses taux. Un séisme monétaire dans un pays qui vit depuis près de vingt ans sous perfusion des taux zéro, voire négatifs. Le gouverneur de la Banque centrale (BoJ) a en effet adopté un ton inhabituellement ferme à l'approche de la réunion des 18-19 décembre, malgré la prudence affichée par le gouvernement japonais. Rebond de l'inflation alimentaire, salaires en forte hausse, yen déprécié : les signaux s'accumulent et poussent la BoJ à envisager l'impensable, un resserrement monétaire cet hiver.
Pendant 30 ans, l'Empire du Soleil levant a tout fait pour lutter contre la désinflation. Voilà qu'il veut désormais lutter contre l'inflation. Ce changement de discours n'a donc rien d'anodin. Ueda le martèle : la hausse des prix est désormais largement liée à la dynamique salariale, et non plus seulement aux importations. L'inflation serait désormais structurelle. Résultat, les marchés obligataires anticipent une normalisation progressive, le yen bondit et le taux d'emprunt d'État japonais dépasse 1,87%, au plus haut depuis juin 2008.
Mais ce réveil monétaire ne fait pas que des heureux. La Bourse japonaise a décroché de près de 2% hier. Les actifs risqués, cryptomonnaies en tête, ont plongé bien plus fortement avant de rebondir ce mardi. Le Japon entre dans une période décisive où tout se jouera sur deux données : l'évolution des salaires et celle du yen. Si les négociations salariales du printemps confirment une nouvelle vague de hausses, la BoJ n'aura plus le choix, elle devra tourner la page de sa politique historiquement ultra-accommodante.
Demain à la Une : En attendant la Fed...
Les actualités financières de premier plan sont peu nombreuses cette semaine. Les investisseurs attendent surtout la réunion de la Fed, mardi et mercredi prochains. Quelques publications devraient toutefois retenir leur attention demain : une nouvelle salve d'indices PMI sur l'activité des services sera dévoilée. Globalement, le marché anticipe une légère expansion de l'activité en zone euro, plus marquée aux États-Unis. Wall Street surveillera également les derniers chiffres de la production industrielle américaine.
Le lexique : Les ETF
Les ETF (ou Exchange-Traded Funds) sont des fonds d'investissement cotés en Bourse qui regroupent un ensemble d'actifs, comme des actions, des obligations ou des matières premières. Ils cherchent généralement à reproduire la performance d'un indice de référence comme le S&P 500 ou le CAC 40.
Cette approche dite « passive » nécessite très peu de recherches, d'analyses et d'arbitrages quotidiens, ce qui réduit fortement les coûts de fonctionnement. Les économies réalisées sur ces frais de gestion se répercutent directement sur l'investisseur.
Par ailleurs, les ETF se négocient tout au long de la journée comme une action ordinaire, ce qui permet de les acheter ou de les vendre facilement, souvent avec des coûts inférieurs à ceux des fonds traditionnels. Grâce à leur structure diversifiée et transparente, ils offrent aux investisseurs un moyen simple d'accéder à différents marchés ou thématiques d'investissement.











