Le déclenchement de la guerre en Ukraine, en début d'année 2022, a rebattu les cartes des valeurs les plus recherchées en Bourse par les investisseurs, Sans surprise, les acteurs du secteur de la défense voient leur activité profiter à plein du conflit ukrainien. Et l'arrivée de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis devrait accélérer cette tendance notamment pour les entreprises européennes du secteur.

Le secteur de la défense plébiscité

En effet, même en cas d'un éventuel armistice entre l'Ukraine et la Russie, ces entreprises devraient profiter des récentes annonces de réarmement en Europe qui souhaite renforcer son autonomie sur le plan militaire. Dans ce contexte, leurs prises de commande devraient se multiplier dans les mois à venir. D'autant plus que le sous-investissement des pays européens en la matière est patent.

Ainsi, comme le précise, Olivier Raingeard, directeur des investissements chez Neuflize OBC, « les dépenses publiques de défense des Etats-Unis sont trois fois plus importantes que celles de l'Union européenne et seuls dix États membres y consacrent plus de 2% de leur produit intérieur brut ». D'ailleurs, les investisseurs ne s'y trompent pas et tentent de se positionner dans cette nouvelle course à l'armement en Europe.

Ainsi, depuis le début de l'année 2025, Thales et Dassault Aviation, dont une bonne partie de leurs revenus est tirée de leurs activités militaires, s'envolent respectivement de près de 75% et 50% à la Bourse de Paris. Dans le reste de l'Europe, le spécialiste italien de l'aéronautique, Leonardo, progresse quant à lui de 65%. Et RheinMetall, un conglomérat industriel allemand spécialisé dans l'armement, s'adjuge 80%. Dans ce contexte, la société de gestion WisdomTree a annoncé mardi le lancement d'un ETF composé d'entreprises de défense européenne.

Mais, les valeurs de la défense ne sont pas les seules à bénéficier de ce nouvel environnement. En effet, les titres des entreprises du secteur de l'espace sont également à la fête. Par exemple, l'opérateur européen de satellites Eutelsat, coté sur Euronext Paris, serait en discussion avec les institutions européennes pour déployer davantage de terminaux de connexions à internet en Ukraine, d'après les spécialistes.

La raison en est simple : le président américain, Donald Trump, devrait marquer une pause dans l'assistance militaire fournie par les Etats-Unis à l'Ukraine, ce qui soulèvent des interrogations autour du réseau Starlink d'Elon Musk, largement utilisé dans le pays depuis le début du conflit. Compte tenu de cette perspective, des valeurs du secteur des télécommunications, comme Eutelstat mais aussi SES, ont respectivement bondi de plus de 200% et 75% depuis le début de l'année.

D'autres secteurs sont en revanche fragilisés

En revanche, le conflit en Ukraine ne fait pas que des heureux. Parmi les principaux perdants de cette guerre, figurent les entreprises les plus exposées à la Russie. C'est notamment le cas des constructeurs automobiles, à l'image de Volkswagen. Après avoir suspendu sa production locale, le groupe allemand a notamment vendu l'ensemble de ses actifs détenus en Russie ; une cession qui comprend notamment l'usine de Kalouga, au sud-ouest de Moscou.

Mais, d'autres entreprises ont indirectement souffert de la situation en Ukraine, à commencer par les compagnies aériennes. D'une part, les restrictions imposées sur l'espace aérien ont perturbé certains de leurs vols internationaux et d'autre part la hausse des cours du pétrole a renchéri le prix du kérosène qui représente l'un de leurs principaux postes de coûts. D'ailleurs, face à la progression des cours de l'or noir, quelques mois après le déclenchement du conflit, Air France-KLM a, par exemple, décidé d'appliquer une « surcharge carburant ».

Mais, il n'en reste pas moins que cette situation a affecté les marges des principales compagnies aériennes européennes. Du reste, la plupart d'entre elles ont été sanctionné par les investisseurs. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, Air France-KLM a ainsi vu son cours de bourse divisé par deux. En revanche, l'allemand Lufthansa, son principal concurrent en Europe, coté à Francfort, s'en sort mieux, le prix de son action, étant restée globalement stable au cours de la même période.

Que faire maintenant ?

Quoi qu'il en soit, selon Dorian Abadie, analyste OPCVM & Bourse chez Meilleurtaux, « on peut se demander s'il n'est pas trop tard pour investir sur les valeurs européennes du secteur de la défense compte tenu de la récente flambée de leur cours de Bourse ».

A défaut, il peut être, par exemple, pertinent de se tourner vers « des entreprises américaines qui ont nettement moins progressé que leurs concurrents européens mais qui devraient également tirer profit des investissements militaires massifs à venir, à l'image de Lockeed Martin, dont le cours de Bourse affiche une hausse symbolique depuis le début de l'année 2025 », ajoute-t-il.

Du côté des valeurs sanctionnées par la crise en Ukraine, la prudence est également de mise, comme l'a montré la hausse de près de 30% observée lors de la journée du 6 mars dernier, sur le prix de l'action Air-France, consécutivement à des rachats massifs de positions vendeuses à découvert.

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