Pour expliquer les raisons de ce désamour des investisseurs pour le secteur automobile européen, les experts de Lazard Frères Gestion pointent du doigt une multitude de facteurs. Cela va du ralentissement des principaux marchés (Europe et Chine) à la faiblesse des ventes de voitures électriques face à concurrence agressive des constructeurs chinois, en passant par l'inflation salariale frappant l'industrie automobile.
Des performances boursières disparates
Dans ce contexte, la sanction des investisseurs n'a pas épargné certains poids lourds du secteur en 2024, à l'image de Stellantis (-40%), BMW (-22%) ou encore Volkswagen (-22%). Pour rappel, l'indice des constructeurs automobiles européens (MSCI Europe Automobiles) a affiché une baisse de près de 20% en 2024 à comparer avec une performance étale pour l'indice large MSCI Europe. Néanmoins, malgré cette morosité ambiante, deux acteurs ont réussi à tirer leur épingle du jeu en Bourse l'an dernier, en affichant une performance dans le vert : Ferrari (+35% ) et Renault (+27%).
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Deux constructeurs ont tiré leur épingle du jeu en 2024
Il faut dire que l'action du constructeur italien de voitures de sport est plébiscitée par les investisseurs. Depuis son introduction en Bourse en 2016, son cours a été multiplié par près 10, grâce des revenus et une rentabilité affichant une croissance à deux chiffres au cours de la dernière décennie. De son côté, la marque au losange a bénéficié l'an dernier de ventes solides, soutenues par le lancement réussi de nouveaux modèles comme la R5 électrique et prochainement la Renault 4 et la Twingo. Sur le plan de l'activité, le groupe tricolore a commercialisé plus de deux millions de voitures en 2024, enregistrant une progression de ses ventes, notamment sur le vieux continent, où Renault réalise la majeure partie de ses immatriculations.
Les difficultés demeurent pour le secteur
Malgré tout, même pour ces deux constructeurs, des incertitudes demeurent en ce début d'année 2025, notamment au regard de l'arrivée au pouvoir de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. En effet, le nouveau président américain a déclaré vouloir instaurer rapidement des droits de douane sur les véhicules fabriquées en dehors de ses frontières afin de favoriser la production domestique. S'ils sont appliqués, ces droits de douane pourraient impacter négativement l'industrie automobile européenne, notamment les constructeurs qui fabriquent un grand nombre de véhicules, destinés au marché américain, au Canada et au Mexique.
Pourtant, sur ce point, Thomas Brenier, associé-gérant et directeur de la gestion et de la recherche actions chez Lazard Frères Gestion, se veut rassurant et rappelle qu'il convient d'étudier cet impact des droits de douane au cas par cas. Ainsi, par exemple, chez les fabricants allemands, « si Porsche ne produit aucun de ses modèles vendus sur place, à l'opposé BMW fabrique 66% de ses véhicules commercialisés aux Etats-Unis dans ses usines américaines », précise-t-il.
Néanmoins, malgré tout, pour les investisseurs, « le secteur automobile européen pourrait apporter des opportunités en cours d'année », selon Thomas Brenier. D'autant plus que bon nombre de professionnels estiment que le secteur est sous-valorisé en Bourse, après la contre-performance affichée l'an dernier. Il n'en reste pas moins que d'autres spécialistes se montrent plus prudents, à l'image d'Olivier Raingeard, directeur des investisseurs au sein de la banque Neuflize OBC. Compte tenu de ce sentiment mitigé, il convient donc de privilégier les titres les plus prometteurs pour mettre toutes les chances de son côté.
Privilégier des fonds spécialisés
Mais encore faut-il disposer de temps pour suivre régulièrement l'actualité des constructeurs automobile européens mais aussi disposer d'un minimum de compétences en analyse financière. Pour faire face à cette problématique, il est possible pour les épargnants de se positionner par exemple sur des ETF (« Exchanged traded Funds »), investis exclusivement dans des valeurs du secteur.
Cotés en Bourse en continu, ces fonds sont en mesure de répliquer, à moindre frais, la performance, à la hausse comme à la baisse, d'indices boursiers comme le MSCI Europe Automobiles, le Stoxx Europe 600 ou encore le DJ Stoxx Auto. Et certains de ces ETF sont accessibles via les unités de compte d'un contrat d'assurance vie ou d'un plan d'épargne retraite (PER).