De plus en plus de salariés souhaitent quitter leur entreprise pour augmenter leurs revenus. C'est le constat dressé par une étude de l'Insee (1) publiée ce lundi. Et la principale motivation pour trouver un nouvel emploi est liée à l'augmentation des revenus.
En 2023, 26,3% des salariés du privé qui souhaitaient trouver un nouvel emploi ont mis en avant cet argument contre 22,1% en 2021. « Dans un contexte de forte inflation, la mobilité professionnelle peut relever d'une stratégie des salariés pour maintenir leur pouvoir d'achat », souligne l'étude de l'Insee.
Des hausses de salaires plus importantes sans changer d'entreprise
Une stratégie payante ? Pas toujours selon les chiffres indiqués par l'Insee. Entre 2021 et 2022, les salariés qui ont changé d'entreprise ont bénéficié d'une hausse de leur salaire en équivalent temps plein dans leur nouvel emploi de 2,9% en euros courants, c'est-à-dire sans tenir compte de l'inflation. A l'inverse, ceux qui sont restés dans leur entreprise ont vu leur rémunération augmenter de 5,7%. Un écart de 2,8 points entre les salariés mobiles et stables.
« Changer d'entreprise n'est pas nécessairement une stratégie gagnante à court terme pour les revenus salariaux »
« Le changement d'entreprise ne résulte pas nécessairement d'un choix mais peut aussi être subi (fin d'un contrat à durée limitée, licenciement, etc.). D'autre part, certaines primes et certains avantages sont liés à l'exercice précédent (primes d'intéressement et de participation) et ne sont donc pas versés la première année d'un nouvel emploi, ou sont corrélés à l'ancienneté (prime d'ancienneté) », analyse l'Insee. Avant de nuancer : « Même pour les salariés qui le décident, changer d'entreprise n'est pas nécessairement une stratégie gagnante à court terme pour les revenus salariaux, mais cela n'exclut pas des gains salariaux à plus long terme. »
Par ailleurs, derrière cette analyse globale, il y a des disparités importantes selon les types de contrat ou les profils sociodémographiques. Ainsi, les salariés en CDD bénéficient le plus souvent des plus fortes hausses de salaire. « Une partie d'entre eux accèdent à un contrat à durée indéterminée, que ce soit en transformant leur contrat ou en changeant d'employeur. Les salariés en CDD bénéficient aussi le plus d'un changement d'employeur : les salaires de ceux qui ont changé d'emploi en 2022 ont augmenté de 13,2%, contre +7,8% pour ceux restés dans la même entreprise », indique l'Insee.
Salaire : êtes-vous sûr d'être si mal payé que ça ?
Les salariés en CDI davantage pénalisés
En revanche, les salariés initialement en CDI sont pénalisés par le changement d'employeur la première année. En 2022, la perte salariale des salariés mobiles en CDI par rapport à ceux restés en place est de ‑2,8 points. Cette étude de l'Insee vient confirmer une précédente enquête qui montrait que, « à caractéristiques individuelles identiques, les salaires d'embauche sont plus élevés en contrats à durée limitée qu'en CDI » mais que, « au fil d'une carrière, la progression du salaire avec l'expérience est plus forte en CDI qu'en CDD : chaque année d'expérience supplémentaire est associée à une progression de salaire plus élevée lorsqu'elle est réalisée en CDI que lorsqu'elle est réalisée en contrats à durée limitée ».
Salaire : où faut-il habiter pour espérer être le mieux payé ?
Au final, ce sont les moins de 30 ans qui s'en sortent le mieux. C'est la seule catégorie d'âge pour laquelle le changement d'entreprise n'est pas négatif à court terme sur le salaire (+0,2 point en 2022). « Dans un contexte de marché du travail plus favorable, les entreprises sont incitées à davantage retenir leurs jeunes salariés, potentiellement plus mobiles, en leur proposant plus souvent des augmentations de salaire », indique l'Insee.
(1) Emploi, chômage, revenus du travail, Insee Référence 2024