De 105 000 à 80 000 dollars en un peu plus d'un mois : entre fin janvier et fin février, le bitcoin, crypoactif le plus en vue, a plongé de 22%, alors que de nombreux observateurs lui promettait un avenir radieux, notamment après l'élection à la présidence américaine de Donald Trump, grand partisan des actifs numériques.

Si le bitcoin est, par essence, un actif volatil, comment expliquer cette chute, alors que les bonnes nouvelles semblaient pourtant s'accumuler, avec en tête la volonté du même Donald Trump de créer une « réserve fédérale de bitcoins » ?

Bitcoin : un nouveau record avant l'investiture de Trump

« On est extrêmement corrélé à l'économie américaine, confirme Yann Darwin, co-fondateur de Green Bull Group. On a vu le marché des crypto anticiper l'élection américaine. Peut-être que certains attendaient plus d'immédiateté, et que certains sont aujourd'hui déçus. Mais c'était un peu prévisible, on ne peut pas mettre une réserve stratégique à une vitesse folle. »

Des prises de profits qui influent sur le cours du bitcoin

Mais ce n'est pas tout. Du côté des gros investisseurs, il était également temps de vendre. La baisse du bitcoin est donc le résultat d'un « sell the news », pour reprendre l'expression « buy the rumor, sell the news »(Acheter la rumeur, vendre l'évènement, NDLR). « La nouvelle de l'élection de Trump a été très anticipée, note Yann Darwin. Le marché institutionnel a donc pris les devants, en se disant que si la réserve fédérale était mise en place, alors le bitcoin vaudrait plus. Les institutionnels ont anticipé et une fois l'élection actée, ils ont décidé de prendre leurs profits quand le bitcoin est passé de 53 800 dollars début septembre à 106 490 dollars mi-décembre. »

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Y-a-t-il alors lieu de s'inquiéter ? « Je ne pense pas que l'on soit sur un vrai retournement de marché, analyse Yann Darwin. Des baisses de -25% à -30% sont assez classiques dans un cycle, même si ça refroidit un certain nombre d'acteurs, notamment les petits investisseurs qui sont rentrés sur la fin quand le bitcoin était déjà au plus haut. »

« Bien que je comprenne que les investisseurs puissent être effrayés par les fortes variations de prix, nous devons nous rappeler que nous sommes toujours en hausse d'environ 70% par rapport à la même époque de l'année dernière », abonde Simon Peters, analyste de marchés chez eToro.

Les investisseurs qui disposent de liquidités et qui ont une conviction à long terme dans le bitcoin peuvent considérer qu'il s'agit d'un moment opportun pour augmenter leurs avoirs globaux.

« Des baisses de -25% à -30% sont assez classiques dans un cycle »

Selon l'expert, deux scénarios se dessinent aujourd'hui. « Si on a une accélaration concernant la réserve fédérale américaine, il va y avoir une sorte de compétition qui va se mettre en place. On peut imaginer un emballement des autres principales économies mondiales comme la Chine ou encore la Russie. Certains pays de l'Est ont également déjà fait savoir qu'ils réfléchissaient à la question. C'est donc un élément qui peut faire grimper le marché. »

Néanmoins, difficile aujourd'hui de prédire avec certitude les mouvements de demain. « Il faut faire attention, notamment pour l'investisseur particulier, confirme le co-fondateur de Green Bull Group. On ne peut pas se cacher derrière le fait que nous assistons aujourd'hui à des mouvements déjà vus par le passé. Si le prix du bitcoin recule de plus de 30%, alors il y a un risque de chute à -40% ou -50%, et dans ce cas le marché mettra beaucoup de temps à s'en remettre. De nombreux facteurs peuvent impacter le cours du bitcoin, que ce soit la guerre entre la Russie et l'Ukraine ou encore les ingérences de Trump. » Une baisse autour de 65 000 dollars, et plus encore au niveau des 50 000, serait alors un signal très préoccupant.

Le bitcoin passe la barre des 100 000 dollars, est-ce toujours le moment d'en acheter ?

Alors, quelle stratégie adopter aujourd'hui ? « Le conseil que je donnerais, notamment aux investisseurs particuliers déjà exposés au bitcoin, c'est de savoir prendre des profits, conclut Yann Darwin. Ceux qui sont rentrés assez tôt doivent se poser la question de leur exposition. La stratégie n'est pas la même si on a 5% de son patrimoine en cryptoactifs que si on a 20% ou plus. Il faut réfléchir et savoir si on peut tenir même en cas de retournerment du marché, sans que cela ait un impact négatif sur ses finances. »

Crypto : « Faut-il forcément acheter un bitcoin entier pour se lancer ? »

Et pour « les investisseurs qui disposent de liquidités et qui ont une conviction à long terme dans le bitcoin peuvent considérer qu'il s'agit d'un moment opportun », estime Simon Peters.