Les marchés : dernière ligne droite !

À l'approche de la dernière réunion de la Banque centrale américaine de 2025, les places boursières évoluent avec prudence. Ce lundi, le CAC 40 recule légèrement de 0,08%, à 8 108 points et enchaîne une huitième séance sans variations fortes, dans un marché qui attend surtout la décision de la Fed.

Les investisseurs anticipent une baisse des taux d'un quart de point et suivront attentivement les projections économiques et les indications sur la trajectoire future des taux. La Fed pourrait afficher des divergences internes, revoir à la hausse le chômage tout en confirmant une croissance plus solide, et laisser entrevoir de nouvelles baisses de taux en 2026, même si une pause pourrait intervenir dès janvier.

En cette fin d'année, une nouvelle baisse des taux d'intérêt, accompagnée d'un discours rassurant de la Banque centrale, pourrait redonner de l'élan aux marchés et favoriser le traditionnel rallye de Noël (voir lexique). Certains bureaux d'études estiment même que le S&P 500 pourrait atteindre les 7 000 points d'ici le 31 décembre, puis les 7 500 points en 2026.

Après la prochaine réunion de la Fed, l'attention se portera sur 2026, marquée par l'arrivée d'un nouveau président de l'institution, probablement Kevin Hassett, proche conseiller économique de Donald Trump. Sa réputation d'être très favorable aux baisses de taux pourrait toutefois provoquer un certain malaise chez les investisseurs, qui redoutent qu'une politique trop souple finisse par alimenter une surchauffe économique.

Avec des baisses de taux qui s'enchaînent, certains spécialistes avertissent que l'économie américaine, encore solide, pourrait finir par trop accélérer. La Fed serait alors obligée de freiner brutalement, voire de remonter ses taux, au risque de replonger le pays en récession. Mais c'est une autre histoire...

Les valeurs : Sanofi, Euronext et Worldline

Le géant pharmaceutique Sanofi recule en Bourse ce lundi (-1,65% à 83,60 euros), après que la banque américaine JPMorgan a abaissé son avis sur le titre. Selon elle, les bonnes nouvelles attendues pour 2026 sont déjà prises en compte par le marché, et les prochains résultats d'essais médicaux ne devraient pas changer l'image que les investisseurs ont du groupe.

Pas de bol pour Sanofi, qui affiche déjà une baisse d'environ 11% cette année pendant que le CAC 40 progresse. Enjeu majeur, Sanofi dépend très fortement d'un seul médicament, le Dupixent, qui représente 80% de sa croissance. Et le laboratoire perdra ses brevets au début des années 2030.

Sanofi essaie donc de développer de nouveaux traitements pour préparer la suite mais plusieurs résultats d'essais cliniques ont été décevants, et d'autres concurrents avancent plus rapidement. Pour JPMorgan, les annonces prévues en 2026 ne suffiront pas à rassurer le marché, et le titre ne devrait pas être revalorisé avant que Sanofi ne prouve qu'il a vraiment trouvé un nouveau moteur de croissance.

Le géant des marchés de capitaux Euronext veut attirer encore plus d'investisseurs sur les moments clés de la séance boursière. Le titre progresse légèrement aujourd'hui, autour de 127,10 euros (+0,79%), après le lancement d'un nouveau service destiné à améliorer les enchères d'ouverture et de clôture, là où se concentrent désormais une grande partie des échanges.

L'idée est de permettre aux investisseurs de passer de gros ordres sans faire bouger les prix, puis de les exécuter en fin de séance si une contrepartie existe. Avec ce nouvel outil, Euronext espère capter une partie des 200 millions d'euros d'ordres qui restent inutilisés chaque jour faute de visibilité.

Une manière de renforcer la liquidité, de faciliter les transactions et de rester dans la course face aux autres grandes places boursières européennes. pour découvrir notre avis complet sur Euronext et sa trajectoire boursière (le titre gagne 17% en 2025).

Worldline poursuit son grand recentrage. Le spécialiste français des paiements va vendre sa plateforme PaymentIQ au fonds suédois Incore Invest pour 160 millions d'euros. Une opération qui s'inscrit dans sa stratégie de simplification : arrêter les activités trop périphériques, récupérer de la trésorerie et se concentrer sur son métier central (les services de paiement pour les commerçants et les banques).

Ce lundi, les investisseurs ne semblent pas convaincus et sanctionnent le titre de 2,63% à 1,31€. Worldline est clairement l'un des plus gros gadins de l'année à la Bourse de Paris avec une chute de plus de 80%. Cette vente fera baisser légèrement l'activité du groupe en 2026, mais elle s'ajoute à d'autres cessions déjà engagées et qui devraient rapporter au total entre 510 et 560 millions d'euros. De quoi alléger la structure financière et redonner un peu d'air à Worldline après deux années très difficiles. Reste à savoir si ce recentrage suffira à restaurer la confiance des investisseurs...

Le monde d'après : le virage américain

C'est un jour historique pour Total. Le pétrolier français fait officiellement son entrée à Wall Street, sans supprimer sa cotation parisienne. Un mouvement stratégique lourd de sens : les investisseurs américains représentent désormais 38% du capital du groupe. Et ce sont eux, aujourd'hui, qui soutiennent le titre alors que les Européens se désengagent. Patrick Pouyanné l'a récemment rappelé : « nos actionnaires sont de plus en plus américains ».

TotalEnergies s'aligne donc sur son nouvel épicentre financier. Mais derrière l'opération technique, un enjeu majeur : la valorisation. À Paris, l'action a un peu déçu en 2025 (+5,3% cette année, hors dividendes, moitié moins que le CAC). Aux États-Unis, les pétroliers se payent 40% plus cher, avec des multiples très au-dessus des standards européens. Une cotation croisée, c'est plus de liquidité, une couverture accrue par les analystes américains, un coût du capital plus faible, et une hausse potentielle de l'action.

Wall Street, un catalyseur pour le titre ? Le marché est partagé. JPMorgan doute, Oddo BHF y voit un accélérateur évident. Le groupe, lui, est convaincu. Une action qui se négocie de 9h à 22h, exposée à 450 millions d'investisseurs potentiels, devrait attirer de nouveaux fonds et réduire la décote chroniquement infligée aux majors européennes. Total restera français et coté à Paris... mais dans le monde d'après, c'est bien New York qui pourrait devenir son nouveau moteur boursier.

L'agenda du lundi : verdict mercredi soir

C'est le dernier grand évènement financier de l'année. Nous vous en parlions ces dernières semaines, les marchés ont évolué au rythme des spéculations sur les baisses de taux américains. Le verdict approche ! Mercredi soir à 20h, les investisseurs sauront enfin s'ils ont eu raison de tabler ces derniers jours sur un geste de la Fed. Une baisse de 0,25% est attendue, ramenant le taux directeur américain à 3,75%.

C'est l'actualité centrale de cette semaine, mais dans le fond elle importe assez peu si on prend de la hauteur. À partir de mai, le successeur de Jerome Powell, nommé par Trump, devrait massivement baisser les taux. L'action de cette semaine devrait être une broutille en comparaison mais faute d'actualités majeures, elle concentre toute l'attention.

En attendant, une déception ce mercredi pourrait lourdement décevoir les investisseurs : c'est l'épée de Damoclès qui plane au-dessus des valeurs technologiques pour cette fin d'année. Beaucoup espèrent au contraire que la Fed déclenchera ainsi le traditionnel rallye haussier de fin d'année sur les actions. On en reparle vite !

Demain à la Une : les dernières spéculations

Le calendrier économique de demain est pratiquement vide. Aucune publication majeure ne sera dévoilée, les dernières spéculations sur les taux américains devraient donc animer les échanges. On en profite pour faire un petit point technique. Dans les séances à venir, les acheteurs viseront les 8 165 et 8 215 points sur le CAC 40. Les vendeurs cibleront les 8 050 et 8 000 points. Mine de rien, l'indice français n'est qu'à 2,5% de son record historique en ce moment.

Le lexique : le rallye de fin d'année

Le rallye de fin d'année désigne une tendance boursière souvent observée durant les dernières semaines de décembre, au cours de laquelle les marchés actions enregistrent une progression plus marquée qu'à l'accoutumée.

Ce phénomène, parfois appelé « rallye de Noël », est généralement attribué à plusieurs facteurs combinés comme l'optimisme des investisseurs à l'approche des fêtes et les ajustements de portefeuille en fin d'exercice. Sans oublier l'impact psychologique d'un climat plus serein et la moindre activité des grands intervenants institutionnels, qui peut amplifier les mouvements haussiers.

Bien qu'il soit récurrent historiquement, le rallye de fin d'année n'est ni garanti ni systématique, car il dépend du contexte économique, géopolitique et financier propre à chaque année. Par exemple, il n'y a pas eu de rallye l'an dernier.