Les marchés : IA, stop ou encore ?
La Bourse de Paris limite la casse ce soir. Après une perte de plus de 1% en séance, le CAC 40 cède finalement 0,52% à 8 068 points. C'est tout de même sa sixième séance consécutive dans le rouge, une série inédite depuis 2022. Presque toutes les grandes valeurs reculent. Edenred chute de plus de 8% après la présentation d'objectifs jugés trop modestes, tandis qu'Hermès perd 1,5% suite à une dégradation de la part de bureaux d'analyse. Seules quelques actions, comme Unibail (+1,7%) ou Engie (+1,1%), parviennent à tirer leur épingle du jeu.
Plus largement, les grandes places mondiales perdent un peu de terrain, affectées par un léger essoufflement de l'engouement autour de l'intelligence artificielle. C'est aussi l'occasion, pour bon nombre d'investisseurs, de prendre quelques bénéfices. L'action Palantir, symbole de cette thématique, plonge de plus de 7% à Wall Street après des résultats jugés décevants concernant ses perspectives pour 2026. On en reparle dans cette édition.
Wall Street évolue ainsi dans le rouge en début de séance, sous le poids de Palantir mais aussi d'Intel (-5%). La saison des résultats, qui a soutenu les indices ces dernières semaines, touche à sa fin. La majorité des entreprises américaines ont dépassé les attentes, tandis que les sociétés européennes ont présenté des résultats plus contrastés, notamment à cause du secteur automobile.
Les valeurs : Hermès, Edenred et Vicat
Hermès - C'est l'un des paradoxes du luxe à la française. Hermès, pourtant champion incontesté de la croissance (+9,6% au dernier trimestre quand Kering reculait et LVMH stagnait), est boudé par la Bourse. Le titre cède 1,51% à 2 084€ ce mardi, après la décision de Barclays d'abaisser sa recommandation. La banque juge que les temps changent, fini le refuge, place aux paris plus offensifs. Dans un marché qui renoue avec l'optimisme et mise sur la reprise du luxe en 2026, Hermès apparaît soudain trop “sage”, trop cher, et peut-être trop parfait. Son action, qui a déjà perdu près de 11% depuis le début de l'année, paie le prix de son statut défensif. Les investisseurs se repositionnent sur des valeurs jugées plus risquées mais plus prometteuses, comme Kering ou Burberry. Barclays estime que la surperformance d'Hermès va mécaniquement se tasser. Sa croissance restera solide, autour de 10%, mais sans surprise. Un rappel que même dans le luxe, la perfection finit parfois par lasser le marché.
Edenred - Gros coup de frein pour Edenred, dont le nouveau plan stratégique ne séduit pas du tout la Bourse. Le spécialiste des avantages des salariés (comme les tickets restaurant) prévoit une croissance de son résultat entre 8% et 12% par an jusqu'en 2028, mais une année 2026 plombée par une nouvelle réglementation italienne. Autrement dit, place à la prudence ! Pas de quoi rassurer des investisseurs déjà échaudés par deux ans de chute du titre et des inquiétudes persistantes sur la régulation en Europe et au Brésil. L'action Edenred plonge ce soir de 8,58% à 23,34€, signant la plus forte baisse du CAC 40 et du SBF 120. Un symbole fort pour une valeur autrefois chérie du marché, multipliée par cinq entre 2016 et 2023, avant de se voir divisée par deux. Le PDG Bertrand Dumazy tente de calmer le jeu, assurant que “le marché a toujours raison, mais pas tous les jours”. Reste que la reconquête boursière du groupe s'annonce longue et semée d'embûches. Depuis le début de l'année, Edenred abandonne désormais 23%.
Vicat - Le cimentier isérois a signé un troisième trimestre meilleur que prévu, avec un chiffre d'affaires en hausse de 4,9% à 992 millions d'euros. Le groupe familial profite d'un rebond en Suisse, d'une forte activité dans les pays émergents comme le Brésil, l'Égypte et la Turquie, et d'une bonne résistance en France malgré un marché du logement toujours faible. Les États-Unis marquent le pas, mais Vicat maintient ses objectifs 2025, avec une hausse de son chiffre d'affaires attendue entre 2% et 5%. Les investisseurs apprécient ces résultats, le titre éligible au PEA-PME grimpe de 5,83% à 69€ et affiche +88% depuis le début de l'année. Un beau parcours pour ce groupe discret mais solide, qui continue de croître malgré un contexte difficile dans le bâtiment européen.
Le monde d'après : Palantir déçoit Wall Street
Le soufflé retombe pour Palantir. L'action du spécialiste américain des logiciels d'analyse de données décroche de plus de 7% à Wall Street, signant sa pire séance depuis le mois d'août. Une chute brutale pour un titre qui avait doublé depuis le début de l'année, porté par la vague de l'intelligence artificielle. Pourtant, ses résultats trimestriels sont loin d'être catastrophiques : la société a même relevé ses prévisions de chiffre d'affaires, profitant d'une demande toujours solide pour ses services d'IA. Mais les investisseurs ont choisi de prendre quelques bénéfices.
Derrière cette correction se cache une réalité plus inconfortable. Le marché commence à douter de la capacité de ces champions de l'IA à transformer la frénésie technologique en croissance durable. Rien de bien méchant, à ce stade. Les bureaux d'études pointent par ailleurs la dépendance de Palantir à un modèle encore trop axé sur les services, ainsi que des marges menacées par la réduction de ses équipes commerciales. Autrement dit, la magie de l'IA pourrait ne plus suffire à justifier des valorisations stratosphériques. On emploie le conditionnel, car le tacle du jour reste encore fragile et ne remet pas en cause les perspectives à moyen et long terme du secteur.
Ce mouvement de repli ne touche pas que Palantir : Nvidia (-2,3%), Alphabet (-1,8%) et Amazon (-1%) reculent également dans le sillage du groupe, preuve que le marché commence à respirer un peu après une course effrénée sur les valeurs de l'IA. Les prochaines séances seront cruciales pour la tendance boursière de fin d'année !
Demain à la Une : Deux temps forts à suivre
La séance de demain sera marquée par deux temps forts. D'un côté, la publication de nouveaux indices d'activité (PMI) dans les services européens. Le marché anticipe une accélération globale en octobre, à l'exception de la France... De l'autre, il devra digérer les résultats d'AMD (semi-conducteurs), attendus ce soir après la clôture, avant ceux de mercredi : McDonald's, Toyota, Novo Nordisk, Bouygues et Teleperformance.
Le lexique : Les indices PMI
Les indices PMI (Purchasing Managers' Index) sont des indicateurs économiques qui mesurent l'activité des directeurs d'achat dans les secteurs industriels et des services. Calculés à partir de sondages mensuels, ils reflètent l'évolution de la production, des nouvelles commandes, de l'emploi et des prix. Un indice supérieur à 50 signale une expansion de l'activité, tandis qu'un indice inférieur à 50 indique une contraction.




