Emmanuel Macron, partisan d'une ligne ferme face aux États-Unis ces derniers mois, n'avait pas encore réagi ce lundi à la mi-journée, mais son Premier ministre a déploré sur X « un jour sombre que celui où une alliance de peuples libres, rassemblés pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts, se résout à la soumission ».
« Il y a des tweets qui résonnent comme des aveux d'impuissance. Un Premier ministre de la France ne se contente pas de pleurnicher » sur les réseaux sociaux, a taclé Olivier Faure, le premier secrétaire du PS. « Il prend des positions, défend nos intérêts et organise la confrontation avec Ursula Von der Leyen au sein de l'Union européenne. »
« La France doit refuser cette capitulation plutôt que de se comporter comme une bande de commentateurs sans influence », a abondé Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise.
« Ce n'est pas un accord, c'est du racket ! »
Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont arraché, dimanche, en Écosse un accord douanier prévoyant que les produits européens exportés aux États-Unis soient taxés à 15%. Les Européens espèrent à ce prix éviter une escalade commerciale.
« Ursula von der Leyen a accepté hier la reddition commerciale de l'Europe, au détriment de nos exportateurs, agriculteurs et industriels », a dénoncé Jordan Bardella, le président du Rassemblement national. La veille, Marine Le Pen avait évoqué « un fiasco politique, économique et moral ». « Ce n'est pas un accord, c'est du racket ! (...) La France ne peut pas le tolérer », a lancé de son côté Laurent Wauquiez, le président des députés Républicains.
« Dépendance malsaine »
Le ministre de l'Intérieur et patron de LR Bruno Retailleau a lui considéré que cet accord était « une très mauvaise nouvelle pour l'Europe ». « Il est le symptôme d'un problème : celui de (sa) faiblesse et de sa dépendance malsaine vis-à-vis des États-Unis. »
Avec cet accord, l'UE s'engage à 750 milliards de dollars d'achats d'énergie, visant notamment à remplacer le gaz russe, et à 600 milliards d'investissements supplémentaires aux États-Unis.
Les critiques étaient aussi très vives au sein du camp présidentiel. « C'est une défaite de la Commission européenne qui n'a pas su créer le rapport de force et défendre correctement les intérêts européens », a réagi Pieyre-Alexandre Anglade, député macroniste et président de la Commission des Affaires européennes de l'Assemblée nationale. Il dénonce un « signal de faiblesse » envoyé « à nos concurrents ».
L'ex-ministre macroniste Clément Beaune, désormais à la tête du Haut-commissariat au Plan, s'est félicité que l'aéronautique soit épargnée, qualifiant toutefois l'accord global de « déséquilibré » : « On ne peut pas être les Télétubbies du commerce international ».