Les prix de mise en vente totalisent 2,4 millions d'euros et le ministère espère en retirer « au moins 2,5 millions », a déclaré devant la presse la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, avant le démarrage des enchères qui dureront toute la journée.

Derrière elle, garée dans la cour de Bercy, une Porsche GT3 RS vert pomme, star de la vente, éditée à seulement 800 exemplaires. Mise à prix à 120 000 euros, elle est partie à 133 000 euros. « Ce qui est vendu aujourd'hui sont les biens les plus exceptionnels, mais l'Etat procède à des ventes aux enchères presque tous les jours : en 2024, 160 millions d'euros sont ainsi rentrés dans les caisses de l'Etat », précise la ministre. « Ce n'est qu'une petite partie des saisies : en 2024, 1,3 milliard d'euros d'actifs ont été saisis ».

Quelque 400 particuliers étaient venus ce jeudi matin à Bercy en espérant la bonne affaire, mais aussi 4 000 enchérisseurs en ligne.

En pleine disette budgétaire, le ministère a voulu donner une visibilité maximale à l'opération. La vente est organisée par les enchères du Domaine (DNID) et l'Agrasc (Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués). « Tous ces objets font partie de saisies dans le cadre d'enquêtes menées par l'ONAF, l'Office national anti-fraude. Concrètement, on a des gens qui devaient de l'argent au fisc. Les jugements ne sont pas encore passés, mais l'Agrasc nous confie ces objets pour les vendre », a expliqué à l'AFP Stéphane Meijer, responsable des ventes de la DNID.

« Le crime ne paie pas »

Parmi les lots, 23 lingots d'or d'un kilo, des accessoires de mode pour enfants, de la vaisselle Hermès, une trentaine de vélos électriques... Tous appartiennent à une poignée de gros fraudeurs : ici est exposé le fruit de 14 enquêtes. « Les lingots appartiennent tous à la même personne », souligne Virginie Gentile, secrétaire générale de l'Agrasc.

« C'est la criminalité du haut du spectre, avec des faits d'escroquerie, de contrebande, de fraude fiscale. Celui qui va importer, par exemple, une très grande quantité des véhicules en Allemagne et ne pas payer de TVA », souligne le directeur de l'ONAF, Christophe Perruaux. « Notre obsession est de saisir pour montrer que le crime ne paie pas ».

Mais parfois, les enquêteurs sont déçus : « Ce ne sont que des contrefaçons », sourit Mme Gentile. « On a soit des objets qui servent au blanchiment, l'or, par exemple, ou qui ont été achetés par des dirigeants de ces organisations criminelles qui blanchissent l'argent des autres », explique Christophe Perruaux.

« Effet Vinted »

La majorité des gros enchérisseurs sont en ligne, avec des ordres de vente automatiques qui font vite grimper les prix. Un sac Hermès Birkin s'est vendu plus de 19 000 euros et une paire de diamants, pour 63 000 euros.

« J'ai acheté une voiture. Pour moi, je suis un passionné. Je veux aussi acheter un bijou pour ma femme », a témoigné un acquéreur habitué des salles de vente, qui a souhaité garder l'anonymat. « Ils organisent cette vente ici pour énerver les trafiquants. Et puis la médiatiser comme ça, dans le ministère, c'est symbolique », s'amuse-t-il.

Dans la cour de Bercy, Damien, un Parisien, découvre avec joie les options de la Porsche électrique qu'il vient de remporter. « Avec les options, c'est une bonne affaire », conclut-il. Il n'en était pas sûr au moment où il avait remporté la mise, avec son enchère de 64 500 euros. « On était venu pour les voitures, pour les revendre », racontent dépités Romain et Simon, deux trentenaires venus de Reims, « mais ça a trop monté, on a renoncé ».

« La robe ? C'est pour la revendre », dit un couple âgé, qui s'est offert une robe moulante en strass multicolores, siglée Philipp Plein, pour 210 euros. Pour eux, cette tentative est une première. « J'appelle ça l'effet Vinted », résume Stéphane Meijer.