Coûts cachés et gains incertains : le report de l'âge légal de départ en retraite ne serait pas la panacée budgétaire, à en croire le dossier envoyé aux membres du COR qui se réunissent jeudi - et dont l'AFP a obtenu copie. Côté dépenses, deux administrations (Drees et Dares) prévoient un important « effet d'éviction » vers d'autres prestations sociales : chômage, invalidité, handicap, arrêts maladie... Au total, la facture aurait atteint près de 5 milliards d'euros en 2019, si l'âge légal était de 64 ans au lieu de 62.
« Effet multiplicateur »
C'est plus du tiers des économies attendues par la direction du Trésor, qui évalue ces « transferts induits » à 0,2 point de PIB (produit intérieur brut), quand le « solde des retraites » est censé s'améliorer de 0,5 point de PIB au terme d'une « montée en charge » étalée sur 10 ans - au rythme d'un trimestre par an. Mais Bercy compte sur un « effet multiplicateur » de l'allongement des carrières, avec près de 400.000 emplois et 1,4% de croissance supplémentaires au bout de la même décennie, provoquant un « surcroît de recettes » fiscales et sociales de 0,6 point de PIB. La réforme permettrait donc de « libérer des marges budgétaires » de l'ordre de 25 milliards d'euros.
Une vision optimiste douchée par les travaux de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui prédisent au contraire « une hausse progressive du chômage » freinant les salaires, la consommation des ménages et par conséquent les recettes, pour un gain réduit à seulement 0,1 point de PIB. Si l'objectif est de « redresser les comptes », alors « l'amélioration maximale » passerait par une hausse de CSG, de cotisations salariales ou une baisse des pensions, soulignent les économistes. Autant de mesures impopulaires qu'aucun candidat à l'élection présidentielle ne défend.