Au total, 162 députés ont voté pour réintroduire cette suspension dans le texte, contre 75. Supprimée par le Sénat en première lecture, la mesure a été réintroduite via des amendements identiques portés par le gouvernement, les socialistes, le RN, le groupe centriste Liot et quelques députés LR.

Le député PS Jérôme Guedj a défendu une suspension qui permettra à 650.000 personnes de partir plus tôt à la retraite en 2026 et 2027. Il a salué « une avancée concrète, fût-elle pas totale », face aux critiques à gauche.

Les Insoumis ont voté contre dénonçant « des magouilles sans fin » et plaidé pour l'abrogation pure et simple de la réforme. Les communistes se sont abstenus estimant qu'il ne s'agissait pas d'une suspension mais uniquement de « trois mois gagnés » dans le meilleur des cas.

« C'est bien peu, c'est presque rien. Mais cela existe tout de même », a lancé dans la foulée Alexis Corbière justifiant un vote pour du groupe écologiste, précisant que ce vote « ne préjuge en rien » d'un vote sur l'ensemble du texte prévu mardi.

Le camp gouvernemental était également divisé. Annie Vidal (Renaissance) a justifié l'abstention du groupe macroniste en invoquant « le compromis » demandé par le Premier ministre « dans l'intérêt du pays ».

Le chef des députés LR Laurent Wauquiez a annoncé un vote contre, défendant le relèvement de l'âge de départ pour éviter « soit de prendre plus sur ceux qui travaillent, soit de baisser le niveau de vie des retraités ». Même consigne du côté d'Horizons, le président de groupe Paul Christophe dénonçant un « mensonge » aux Français.

Le Rassemblement national a voté en faveur de la mesure et en a profité pour ironiser sur les macronistes qui « renient la seule réforme qu'ils ont faite dans leur deuxième mandat », dixit Jean-Philippe Tanguy.

Face à la menace d'une censure avant même l'ouverture des débats budgétaires, le Premier ministre Sébastien Lecornu, proche d'Emmanuel Macron, avait promis la suspension de la réforme qui porte progressivement l'âge légal de départ à 64 ans, pour amener les socialistes à la table des négociations.

L'article suspend jusqu'à janvier 2028 la marche en avant vers les 64 ans, tout comme le relèvement du nombre de trimestres à cotiser. La génération née en 1964 partirait à 62 ans et 9 mois (comme la précédente) au lieu des 63 ans prévus par la réforme. Et partirait avec 170 trimestres cotisés au lieu de 171. Sauf nouvelle réforme, l'application de la réforme Borne reprendrait ensuite, avec un trimestre de décalage.