Revoir à la hausse la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) : c'est l'une des propositions explosives du centre de réflexion Terra Nova, pour stabiliser la dette publique. « Il faudra augmenter un des impôts que tout le monde paie, avec une base large et un taux modéré », indique ainsi Guillaume Hannezo, professeur associé à l'École normale supérieure, qui signe ce rapport intitulé « Comptes publics : en finir avec le n'importe quoi (qu'il en coûte) ».
L'idée n'est pas nouvelle et refait surface régulièrement dans le débat public. En juillet 2025 déjà, François Bayrou, alors Premier ministre, l'évoquait déjà pour dégager des recettes supplémentaires.
Alors que la TVA est un impôt général sur la consommation directement facturé sur les biens consommés ou les services utilisés (en d'autres termes, tout le monde la paie), la mesure est hautement inflammable.
Quels sont les taux de TVA ?
En France, il existe 4 taux de TVA.
- Un taux normal à 20%. Il est appliqué à la majorité des ventes de biens et des prestations de services, ceux pour lesquels aucun taux réduit n'est prévu.
- Un taux intermédiaire à 10% appliqué au bois de chauffage, aux médicaments non remboursés, aux travaux d'amélioration du logement qui ne bénéficient pas du taux de 5,5%, aux droits d'entrée des musées, zoo, monuments, établissements thermaux, aux transports de voyageurs, à la restauration...
- Un taux réduit à 5,5%. Il concerne l'essentiel des produits alimentaires, les produits de protection hygiénique féminine, préservatifs, livres, repas dans les cantines scolaires, billetterie de spectacle vivant et cinéma, travaux d'amélioration de la qualité énergétique des logements, logements sociaux ou d'urgence, accession à la propriété, etc.
- Un taux particulier à 2,1%, qui est réservé aux médicaments remboursables par la Sécurité sociale, à certains spectacles et aux publications de presse...
Combien rapporte la TVA ?
La TVA est l'impôt qui rapporte le plus à l'État, et de loin. Les recettes reçues au titre de cet impôt s'élevaient à 210,7 milliards d'euros en 2024. À titre de comparaison, la même année, 88 milliards d'euros ont été collectés via l'impôt sur le revenu. La TVA représente ainsi 38% de la totalité des recettes fiscales collectées par la DGFiP en 2024.
Selon l'étude de Terra Nova, « la somme gagnée par l'État atteindrait 11,4 milliards d'euros par point (supplémentaire), net de la TVA payée par les administrations publiques, si on augmente tous les taux d'un point ». Le gain serait de 7 milliards d'euros « si on maintient les taux réduits et qu'on augmente le taux normal ».
L'étude de Terra Nova évoque aussi, parmi les pistes, la reclassification de certaines dépenses vers d'autres taux, indiquant que la TVA réduite sur la restauration coûte 4,5 milliards d'euros.
Quel impact aurait une hausse de la TVA sur votre niveau de vie ?
En 2019, des économistes de l'Insee avaient mené une étude sur les conséquences d'un passage de la TVA de 20% à 23%. Selon leurs calculs, un couple avec deux enfants de moins de 14 ans subirait une baisse de niveau de vie de 0,6%, soit 230 euros du revenu disponible en moins. Ils estimaient que la baisse de niveau de vie atteindrait 1,4%, soit 80 euros de moins par personne par an, pour les 10% les plus modestes.
Le rendement de la TVA « pèse principalement sur les ménages les plus aisés, mais elle représente une part légèrement plus importante du revenu des ménages modestes », précisait la Direction générale du Trésor en septembre 2025 dans une publication analysant la composition des recettes de TVA.
Elle considérait qu'une hausse d'un point de TVA « entraînerait une perte de pouvoir d'achat de 0,7%, en moyenne, pour le cinquième de ménages ayant le niveau de vie le plus faible ». Pour le cinquième de ménages les plus aisés, la perte de pouvoir d'achat était calculée à 0,4%.
























