Pour enrayer la spirale d'une dette publique progressant plus vite que la richesse nationale et la stabiliser autour de 120-130% du produit intérieur brut (contre 115,6% du PIB à fin juin), « il faudra faire 100 à 120 milliards d'euros d'économies par rapport à une situation où les dépenses progressent au rythme de la richesse nationale. C'est en plus de ce qu'il faudra faire pour ralentir certaines dépenses qui progressent plus vite que le PIB, comme les retraites et la santé », a déclaré à l'AFP Guillaume Hannezo, professeur associé à l'Ecole normale supérieure et auteur de la note du centre de réflexion classé à gauche.
Cet effort, comparable aux estimations de la Cour des comptes ou d'instituts économiques, représente 3,5 à 4% du PIB. Il correspond au montant que pourrait atteindre la charge de la dette (le paiement des intérêts) dans quelques années, si la totalité des 3 400 milliards d'euros de la dette tricolore était refinancée au taux de 3,5% actuellement demandé par les investisseurs pour prêter de l'argent à la France sur 10 ans.
« On ne fait pas dans la dentelle »
Compenser ce montant par des hausses de recettes fiscales et des économies sur les dépenses publiques éviterait que les intérêts à rembourser deviennent une source d'endettement supplémentaire.
Pour un ajustement de cette ampleur, « on ne fait pas dans la dentelle » et « tout le monde va devoir être mis à contribution », écrit M. Hannezo, en évoquant les redressements effectués par les pays du Sud de l'Europe (Italie, Grèce, Espagne et Portugal) autour des années 2010.
Il propose deux principaux leviers : « Réduire les flux épargnés (donc inutiles) sur les dépenses publiques de retraite » en préservant les pensions les plus basses et augmenter un des impôts à taux modéré « payés par le plus grand nombre », la TVA ou la CSG.
Mais on ne pourra pas faire « accepter ces sacrifices sans un très gros effort durable des plus riches, et un effort au moins temporaire des entreprises », autour de 10 à 15 milliards d'euros pour chacune de ces catégories, avec une réduction ciblée des niches fiscales, prévient-il.



















