« Les étudiants en France sont dans une situation de précarité, depuis longtemps enracinée mais brutalement mise en évidence lors de la pandémie » de Covid-19, à la fois en termes « de niveau de vie ou de conditions de logement », souligne le rapport de la députée Soumya Bourouaha (Gauche démocrate et républicaine) et de l'ex-député Jean Laussucq (EPR).

Faute de moyens, « de nombreux étudiants (sautent) des repas ou (renoncent) à se soigner », ajoute le rapport qui rappelle aussi des problèmes « d'inégalités traditionnelles » dont pâtissent les étudiants les plus défavorisés.

Les prix de l'immobilier se sont envolés

L'Etat consacre près de 8,8 milliards d'euros chaque année aux aides étudiantes mais « les bourses ne permettent pas de couvrir les besoins essentiels, comme le logement dans un contexte de pénurie et d'envolée des prix dans certaines grandes villes ».

Parmi 22 recommandations, le rapport propose « d'étendre le versement des bourses sur critères sociaux aux mois de juillet et août » ou d'« instaurer une allocation étudiante comportant un socle universel et une part sociale modulable, indexée sur l'inflation ».

« 16% des étudiants déclarent avoir déjà eu recours à l'aide alimentaire »

Dans un Baromètre sur la précarité étudiante publié lundi, l'association d'aide aux étudiants Cop1 constate également que « la précarité étudiante s'installe durablement », cinq ans après la fin de la pandémie, et que « 16% des étudiants déclarent avoir déjà eu recours à l'aide alimentaire ». L'étude de Cop1 note que « trois étudiants sur 10 ont dû renoncer à l'établissement de leur choix pour des raisons financières et un étudiant sur cinq envisage désormais de raccourcir son cursus pour les mêmes raisons ».

Le coût de la vie étudiante en hausse de 32% depuis 2017

Selon le syndicat étudiant Unef, le coût de la vie étudiante a progressé de 4,12% en un an et de 32% « depuis l'élection d'Emmanuel Macron en 2017 ». Près de 680 000 étudiants, soit 23% de quasi trois millions d'étudiants en France à l'heure actuelle, bénéficient d'aides sociales.

La population étudiante française est par ailleurs « plus jeune que dans les autres pays européens » et les « dispositifs d'aides sont fondés sur (...) le principe selon lequel les jeunes adultes étudiants demeurent principalement à la charge de leurs familles », poursuit le rapport parlementaire.

Il suggère de supprimer certaines subventions aux familles, comme une demi-part fiscale jusqu'à 25 ans au bénéfice des parents ou la déduction de la pension alimentaire du revenu imposable des parents, afin de privilégier le soutien direct aux étudiants précaires.

Une réforme du système des bourses, très attendue, a été maintes fois reportée en raison des changements de gouvernements successifs. La dernière réforme date de 2023 et avait revalorisé le montant de ces aides de 500 millions d'euros, permettant à 35 000 nouveaux étudiants de devenir boursiers.