Devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur le dérapage budgétaire en 2023 et 2024, Michel Barnier a retracé la confection d'un projet de budget pour 2025 dans un calendrier très contraint dès sa prise de fonctions début septembre, alors qu'une note du Trésor l'alertait sur une possible nouvelle dérive d'ampleur du déficit public.
« J'ai tout à fait conscience qu'il n'y a dans ce budget que des points difficiles (...) mais je considère que c'est ma responsabilité » de faire baisser d'un point de PIB le déficit public face à une « trajectoire extrêmement dangereuse de nos finances publiques », a-t-il déclaré. « Je prends le risque d'être impopulaire pour ne pas être irresponsable », a-t-il ajouté.
Le déficit public est attendu à environ 6% du PIB en 2024, un chiffre très éloigné des 4,4% prévus à l'automne 2023 et des 5,1% ciblés au printemps 2024 après réévaluation par le gouvernement de Gabriel Attal, qui a précédé Michel Barnier. Ce dernier ambitionnait de le ramener à 5% du PIB en 2025 avant la censure de son gouvernement le 4 décembre, qui a privé la France de budget.
Objectif de 3% en 2029
Selon Michel Barnier, son projet de budget était « équilibré » entre réduction des dépenses et nouvelles recettes, mais « perfectible » car « construit tellement rapidement », en moins d'un mois. Le texte avait été présenté le 10 octobre, avec un retard de dix jours sur la date butoir fixée par la loi.
Le Premier ministre actuel François Bayrou, nommé le 13 décembre, a relevé la cible de déficit pour 2025 à 5,4%, ce qui nécessitera des efforts plus importants par la suite pour atteindre en 2029 l'objectif européen d'un déficit à 3% du PIB, a fait remarquer son prédécesseur.
« Je pense que si j'avais eu (...) la confiance de l'Assemblée nationale, nous aurions, à 0,1 ou 0,2 (point) près peut-être, atteint l'objectif d'être autour de 5% » et « qu'on serait dans une période constructive » pour travailler à la réforme de l'État, a-t-il ajouté.
Après son recours à l'article 49.3 sur les budgets de l'État et de la Sécurité sociale, François Bayrou affronte ce mercredi deux nouvelles motions de censure, destinées à échouer sans les voix des socialistes et probablement du Rassemblement national.