En attendant, les acteurs américains comme Visa et Mastercard pour les cartes bancaires, mais également Paypal pour les paiements en ligne et Apple Pay et son « wallet » (portefeuille numérique) ont rempli le vide existant. Visa et Mastercard représentent « 69% des transactions par carte en zone euro », selon la Banque de France.

Outre une question de souveraineté, ces solutions posent la question du coût pour les utilisateurs. Selon une enquête de la Commission européenne (2024), les frais prélevés sur les paiements par cartes de débit s'élevaient en moyenne à 0,44% en 2022, contre 0,27% en 2018.

Des solutions privées

Il existe cinq réseaux nationaux de cartes bancaires en Europe : en Allemagne (qui ne fait pas l'e-commerce), en Belgique, en France (GIE cartes bancaires), en Italie et au Portugal. Moins onéreux pour les commerçants, ils ne fonctionnent cependant pas pour des paiements transfrontaliers.

Carte bancaire : ça veut dire quoi, « payer français » ?

Des solutions transfrontalières de virements instantanés de compte à compte ont récemment vu le jour : Wero (Allemagne, Belgique, France) et EuroPA (Espagne, Italie, Portugal). EuroPA et Wero travaillent à créer une interface pour permettre aux clients des deux réseaux de passer de l'un à l'autre avec fluidité.

Selon Martina Weimert, la patronne de la société chargée du développement de Wero, European Payments Initiative (EPI), Wero comptait mi 2025 en France « 15,9 millions » d'utilisateurs actifs, c'est-à-dire ayant déjà utilisé le service, « 2,3 millions » de clients en Allemagne et « proche de 7 millions » en Belgique.

En s'appuyant sur son positionnement de paiement entre particuliers qui l'a fait entrer dans toutes les applications bancaires, Wero a lancé le paiement pour les commerçants en ligne en Allemagne, pays qui était très en demande d'une solution souveraine, avant de le lancer en France et en Belgique en 2026.

Projet d'euro numérique

La Banque centrale européenne (BCE) soutient un projet d'euro numérique, version dématérialisée des pièces et des billets, dont le cadre législatif fait actuellement l'objet d'un débat au Conseil et au Parlement européen. La finalisation de ce projet de règlement est attendue courant 2026.

L'euro numérique permettra les transferts d'argent entre particuliers ainsi que les paiements par téléphone et par carte chez les commerçants et en ligne. Il fonctionnera également « hors-ligne ».

L'euro numérique constituera une plateforme pour l'innovation pour les acteurs privés, qui pourront ainsi offrir leurs services (dont Wero et EuroPA) partout en zone euro, avec des standards techniques et des règles commerciales unifiés, a indiqué la sous-gouverneure de la Banque de France Agnès Bénassy-Quéré, dans un blog. De plus, il s'appuiera sur une infrastructure souveraine, développée et opérée en Europe, par des fournisseurs européens, ajoute-t-elle.

Stablecoins

Les stablecoins sont des cryptomonnaies dont la particularité est d'avoir une valeur stable car adossées aux devises classiques, à 99% au dollar des États-Unis.

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a encouragé début octobre les banques européennes à émettre des stablecoins en euros pour contrer l'hégémonie du dollar sur ces actifs numériques.

Paiements : le gouverneur de la Banque de France encourage la création de stablecoins en euros

Société Générale Forge, filiale du groupe bancaire français dédiée aux cryptoactifs, a lancé un stablecoin en euro, EUR CoinVertible (EURCV), dès 2023.

Depuis dix grandes banques européennes (ING, UniCredit, Banca Sella, KBC, Danske Bank, DekaBank, SEB, CaixaBank, Raiffeisen Bank International et BNP Paribas) ont annoncé le lancement au deuxième semestre 2026 d'un « stablecoin » adossé à l'euro pour proposer « une alternative sur un marché dominé par les États-Unis ».