Depuis le 1 janvier 2025, la plupart des valeurs du secteur affiche des performances dans le rouge. C'est notamment le cas des principaux acteurs de l'industrie des vins et spiritueux : - 20% pour Marie Brizard, -17% pour Remy Cointreau, ou encore -10% pour Pernod Ricard. Il faut dire que les nuages s'assombrissement à l'horizon du secteur.

Des ventes qui ralentissement à l'international, notamment en Chine

A commencer par les difficultés rencontrées sur le marché chinois qui plombent les ventes à l'export des principaux groupes français. En effet, l'an dernier, la Chine, troisième marché pour les exportations françaises de vins et spiritueux, a enregistré une baisse de 20,2% de ses importations, d'après les chiffres publiés par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS).

Pour Dorian Abadie, analyste OPCVM & Bourse chez Meilleurtaux, « cette baisse de la consommation, notamment sur le cognac, est une conséquence directe du ralentissement économique chinois ». Du reste, au niveau mondial, l'essoufflement de l'activité, observé depuis le début de l'année, a également pesé sur l'achat de produits dits « premium », les consommateurs ayant tendance à réduire leurs dépenses pour les produits haut de gamme, comme l'a montré la baisse de 8% du chiffre d'affaires de la division vins et spiritueux, du groupe LVMH, enregistrée l'an dernier.

La question des droits de douane

Pour ne rien arranger, les entreprises de la filière sont fragilisées par la hausse des droits de douane, voulues par le président Donald Trump. L'administration américaine a notamment fait part « de son intention de taxer à hauteur de 200% les importations de vins et spiritueux européens », précise Dorian Abadie.

A cela s'ajoute également des mesures de rétention de la part de la Chine, en réponse aux surtaxes européennes sur les véhicules électriques chinois. Pékin a, notamment lancé une enquête antidumping sur les eaux-de-vie de vin de l'Union Européenne, principalement le cognac. Même si pour l'heure aucune taxe provisoire n'ait été imposée, la menace d'une taxation lourde persiste, avec des droits de douane potentiels moyens de plus de 30%.

Mais aussi des raisons plus structurelles

Mais si le secteur souffre en Bourse, c'est également en raison des interrogations des investisseurs sur les changements d'habitudes des consommateurs, de plus en plus soucieux de réduire leur consommation d'alcool ; les vins et spiritueux traditionnels étant parfois perçus comme des produits moins en phase avec les préoccupations modernes, en particulier en matière de santé.

Du reste, aux Etats-Unis, en début d'année, les autorités sanitaires ont recommandé d'apposer des étiquettes sur les bouteilles d'alcool afin d'alerter sur les risques de cancer, comme pour les cigarettes, ce qui pourrait peser sur les ventes du secteur, y compris pour les marques françaises.

Des valorisations devenues attractives

D'ailleurs, les valorisations des entreprises cotées à la Bourse de Paris, ne sont largement dégonflées ces derniers mois, avec la baisse de leur cours. Par exemple, « pour l'année 2025, le PER du titre Pernod Ricard, c'est-à-dire, le rapport entre le cours de l'action et le bénéfice net par action dégagé par l'entreprise, est évalué à 12, soit une décote de plus de 25% par rapport à la dernière décennie », indique Jérôme Lieury, gérant associé de la société Olier Etudes & Recherche.

Pour l'ensemble des valeurs du secteur, « les valorisations sont ainsi tombées à des niveaux historiquement faibles qui semblent intégrer désormais beaucoup de mauvaises nouvelles dans les prix », ajoute Dorian Abadie.

De plus, les actifs de ces entreprises sont souvent constitués de stocks, de marques mondialement connues et de patrimoine foncier conséquent. Ainsi, « la capitalisation boursière actuelle de Rémy Cointreau serait ainsi couverte à hauteur de 70% par la seule valeur de ses stocks d'alcools », rappelle Jérôme Lieury.

Mais, malgré le manque de visibilité du secteur, « dans une optique à long terme, compte tenu des faibles niveaux de valorisations actuels, il peut être intéressant de se positionner sur certains titres, en particulier via des investissements programmés afin de lisser son cours moyen d'achat », selon Dorian Abadie.

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