Cette collecte nette (solde des dépôts et des retraits) est comparable à celle du mois de novembre 2019, dernière base fidèle avant des années exceptionnelles pour l'épargne réglementée, liées aux confinements puis à de nettes hausses de rendement.

Dans le détail, les Livrets A se sont étoffés de 400 millions d'euros le mois dernier, pour atteindre la somme de 427,2 milliards d'euros, et les Livrets de développement durable et solidaire (LDDS), de 160 millions d'euros, pour atteindre 155,2 milliards d'euros, selon les données publiées lundi par la Caisse des dépôts (CDC).

Novembre est souvent entre deux eaux, après un mois d'octobre très défavorable - les Français s'acquittant de la taxe foncière, d'éventuelles régularisations de leur impôt sur le revenu et des dernières dépenses de rentrée - et avant un mois de décembre porteur, à la faveur des primes de fin d'année et des étrennes.

Un taux qui devrait baisser bientôt

Les Livrets A et LDDS se sont étoffés de 17,5 milliards d'euros depuis le début de l'année, une somme là aussi comparable à 2019. Le Livret d'épargne populaire (LEP), réservé aux épargnants modestes, a quant à lui gonflé de 340 millions d'euros le mois dernier. Son encours a atteint fin novembre un nouveau record, à 78,1 milliards d'euros.

Le taux du Livret A, aussi valable pour le LDDS, est fixé en fonction de la hausse des prix et des taux interbancaires - les taux auxquels les banques s'échangent de l'argent à court terme - au cours des six derniers mois. Aujourd'hui à 3%, ce taux est révisé deux fois l'an, mi-janvier (pour une application le 1er février) et mi-juillet (pour une application le 1er août). La formule de calcul est loin d'être systématiquement appliquée et a même fait l'objet de fréquentes dérogations ces dernières années.

Le taux attendu au 1er février se situera « autour de 2,5% », expliquait le 31 octobre le directeur général de la Caisse des dépôts Eric Lombard, voire un peu en dessous, à 2,4%, selon les dernières données disponibles. Le taux du LEP devrait lui continuer sa lente diminution : de 6,1% entre février et juillet 2023, il était passé à 6% entre août 2023 et janvier 2024, puis à 5% entre février et juillet 2024 et 4% jusqu'en janvier 2025.

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Il correspond au chiffre le plus élevé entre l'inflation moyenne observée sur les six derniers mois et le taux du Livret A majoré de 0,5%. Il pourrait donc potentiellement s'établir à 2,9% à compter du 1er février. Sujet éminemment politique, l'épargne réglementée invite volontiers les décideurs aux promesses, pas toujours tenues. Le gel du taux du Livret A à 3% sur 18 mois, du 1er août 2023 au 31 janvier 2025, devait par exemple bénéficier à l'épargnant, selon le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau et le ministre de l'Economie d'alors Bruno Le Maire.

Or si la formule avait été strictement appliquée, le taux aurait été systématiquement supérieur, et même au-dessus de 4% au deuxième semestre 2023. De quoi priver les épargnants de plus de 6,5 milliards d'euros d'intérêts en 2023 et 2024. Les intérêts, répartis entre la Caisse des dépôts et les banques, devraient cependant atteindre un record, dépassant les 17 milliards d'euros pour les seuls Livrets A et LDDS, et même 20 milliards en y ajoutant les LEP.

Le gouverneur avait par ailleurs fixé un objectif de 12,5 millions de détenteurs du LEP à l'été 2024. L'objectif est manqué, avec 11,7 millions à fin septembre, selon la Banque de France, un nombre cependant en forte augmentation depuis deux ans. M. Lombard avait enfin anticipé une collecte nette supérieure à 20 milliards d'euros pour le Livret A et le LDDS d'ici la fin d'année. Il faudra un mois de décembre très au-dessus de la moyenne pour atteindre cette barre.

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