« Le ministre des Finances, quand il se lève le matin, il a quand même pas mal de problèmes à régler. Heureusement, il y en a un qui ne lui pose pas de problème, c'est le financement de la dette », a déclaré Roland Lescure sur France Inter.

« On a complété cette semaine le financement de notre dette publique pour l'année 2025, plus 300 milliards d'euros qui sont passés sur les marchés. Aujourd'hui, les gens continuent à prêter à la France, et c'est tant mieux. Donc a priori pas besoin d'un emprunt, qui plus est forcé », a-t-il ajouté. « Surtout s'il est forcé, je pense que cela ne donnerait pas forcément un message très positif », a-t-il souligné.

Un emprunt obligatoire à taux zéro

Plusieurs amendements socialistes au projet de loi de finances pour 2026 proposent d'instaurer un emprunt obligatoire à taux zéro, pour environ 20 000 des contribuables les plus aisés, selon le journal Les Echos.

Plus mesurée, la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a affirmé que le gouvernement n'avait « pas tranché de position » sur une proposition qu'il regardait « avec bienveillance ». « Il faut qu'on regarde avec les socialistes les modalités de mise en œuvre », a-t-elle ajouté lors du compte-rendu du Conseil des ministres, tout en rappelant la position du « socle commun » : pas de taxe qui « viendrait détruire l'emploi, grever l'innovation, freiner tout ce qui fait la croissance française et la réussite des entreprises françaises ».

« Ce n'est pas une taxe, ce n'est pas un impôt. C'est du patriotisme fiscal, certes obligatoire, mais qui ne va impacter qu'à la marge les plus grandes fortunes », a plaidé auprès de l'AFP le chef des sénateurs socialistes Patrick Kanner, ravi de voir que cette proposition « interpelle » le gouvernement. « C'est une contribution exceptionnelle, de l'argent frais qui rentre et qu'on n'ira pas emprunter sur les marchés à des taux élevés », a ajouté le sénateur PS du Nord, qui a peu d'espoirs de voir sa proposition adoptée au Sénat, mais mise sur son retour par la suite dans la discussion parlementaire. La proposition pourrait rapporter entre 6 et 15 milliards d'euros selon les critères retenus, selon lui. Elle « concernerait 0,05% des foyers fiscaux », a-t-il calculé.

« De l'argent frais qui rentre et qu'on n'ira pas emprunter sur les marchés à des taux élevés »

Un amendement identique a été déposé au Sénat par le groupe écologiste. Les débats démarrent jeudi sur le projet de loi de finances, rejeté par l'Assemblée en première lecture.

« Que les socialistes soient nostalgiques des années Mitterrand, je le comprends. La dernière fois qu'on a fait ça, c'était le gouvernement Mauroy en 83. Qu'on puisse examiner toutes les formes (...) créatives, innovantes, de financement de la dette de l'Etat, pourquoi pas ? Mais attention, aujourd'hui, je n'ai pas de problème de financement. Je ne compte pas en avoir l'année prochaine non plus », a réagi Roland Lescure.