Dans cette lettre datée de mardi et envoyée notamment au ministre du Logement, Julien Denormandie, Edouard Philippe annonce que la réforme sera « mise en œuvre pour le versement des allocations fin janvier/début février 2020, au moment où les aides au logemement sont actualisées ». Au départ attendue au 1er janvier 2019, la mesure a connu plusieurs reports. « Je regrette vivement ces décalages successifs qui témoignent à la fois d'une programmation initiale trop optimiste et d'un pilotage incertain du projet », égratigne le Premier ministre.

« C'est un chantier complexe, partagé entre plusieurs ministères », fait-on valoir à Matignon, tout en confirmant les « difficultés opérationnelles du pilotage », désormais entièrement confié à Julien Denormandie qui s'appuiera sur « un calendrier réaliste ». Le ministre du Logement devra proposer « sous quinzaine » au Premier ministre « un pilotage revu et sécurisé » du chantier, écrit Edouard Philippe, mais aussi « un plan de communication auprès des allocataires au dernier trimestre 2019 » et « une vision actualisée des impacts individuels de la réforme en janvier 2020 ».

Les APL calculées sur la base des revenus actuels

Ce délai doit notamment permettre à la Caisse d'allocations familiales (CAF) qui verse les APL, d'affiner sa préparation. Cette réforme vise à mettre en œuvre la « contemporanéité » des APL, c'est-à-dire leur calcul à partir des revenus actuels du bénéficiaire et non plus ceux remontant à deux ans, comme c'est le cas actuellement. Les aides seront « actualisées tous les trimestres et calculées sur la base des revenus des douze derniers mois glissants », rappelle Edouard Philippe.

La mesure devrait générer « un peu au-dessus d'un milliard d'euros d'économies », estime Matignon en vantant une mesure « juste, équitable, logique ». Ces économies s'expliquent par l'idée que les revenus actualisés seront globalement plus élevés que ceux observés deux ans auparavant, grâce à la croissance, et que cela réduira mécaniquement le montant des aides leur étant conditionnées.

Le sujet des APL a régulièrement provoqué des critiques de la part d'associations et de l'opposition : dans les premiers temps du quinquennat d'Emmanuel Macron, l'exécutif avait notamment provoqué une polémique en décidant d'une baisse généralisée de cinq euros par mois.