Tout nouveau prélèvement sur les complémentaires santé « serait totalement contradictoire avec l'engagement du gouvernement de ne pas mettre de nouvelles taxes sur les entreprises ou les ménages », a déclaré ce mardi Jacques Creyssel, le nouveau président de la structure fédérant toutes les complémentaires santé paritaires (CTIP).

Le gouvernement avait annoncé, en début d'année, son intention de taxer les complémentaires santé à hauteur d'environ un milliard d'euros, estimant qu'elles avaient anticipé dans leurs tarifs une hausse de leur participation au remboursement des consultations médicales qui n'a finalement jamais eu lieu, du fait de la chute du gouvernement Barnier.

Le gouvernement affirme que ce projet est toujours d'actualité, mais « ce serait extraordinaire de faire une taxe rétroactive (...), ça devra être justifié devant le Conseil constitutionnel », a averti Jacques Creyssel, un responsable du Medef qui préside depuis cette année le CTIP avec Alain Gautron (FO), vice-président. « On va se rapprocher des 20% de taxation » des contrats d'assurance complémentaires, « c'est complètement absurde », a-t-il dit.

« Un concours Lépine de la plus mauvaise idée »

Les complémentaires santé paritaires ont également dans leur collimateur plusieurs propositions faites la semaine dernière par l'Assurance maladie dans son rapport « Charges et produits », comme le plafonnement à 80% de la part de l'Assurance maladie dans le financement global de la dépense de santé en France. Une telle hausse signifierait une hausse de la participation des complémentaires santé, ou des patients eux-mêmes (reste à charge).

Il y a actuellement « un concours Lépine de la plus mauvaise idée, de l'idée de la plus technocratique possible » pour faire face aux dérapages des dépenses de santé, a déclaré Jacques Creyssel. Selon les chiffres présentés mardi dans le bilan annuel du CTIP, les cotisations des complémentaires santé paritaires ont progressé de 4,1% en 2024 à 7,8 mds euros.

Les prestations, de leur côté, ont augmenté de +1,3%, à 6,8 mds. Les complémentaires santé paritaires restent techniquement déficitaires, ce qui signifie qu'elles ne parviennent à équilibrer leurs comptes que grâce à leurs produits financiers.