« Dans notre scénario central, la croissance resterait à +0,6%, soutenue par une simple reprise mécanique des investissements », explique Ludovic Subran, économiste en chef d'Euler Hermes, cité dans un communiqué. « Dans le second, les investissements surprendraient à la hausse pour une croissance du PIB de +0,8% et feraient ainsi gagner 0,2 point de croissance » du produit intérieur brut.

La fourchette de progression de l'investissement, qualifié de « pivot de la reprise économique », retenue par Euler Hermes est de +0,2% à +0,6% après une chute de 2,4% en 2013. Le gouvernement prévoit quant à lui une croissance de l'activité économique de 0,9% dans son projet de budget 2014, légèrement supérieure au consensus des économistes (0,8%).

Le spécialiste des défaillances d'entreprises s'attend à un léger repli de 1% de celles-ci en 2014. Leur niveau resterait très élevé, à 61.800. Il en coûterait 0,22 point de produit intérieur brut et la destruction de 165.000 emplois, soit un demi-point de chômage en plus, selon l'étude.

« Et si l'investissement surprenait à la hausse ? », s'interrogent ses auteurs. En 2012 et 2013, « la France a échappé de justesse » à un recul du PIB annuel, « en partie grâce à des politiques publiques proactives cherchant à stimuler consommation et investissement », estiment les auteurs. Selon eux, « la mise en place d'une véritable boîte à outils investissement démarque la France de ses voisins européens ».

La création de la banque publique d'investissement Bpifrance et la possibilité de financer directement les entreprises par le bilan des assureurs « fluidifieront sans doute le financement de l'investissement, mais ne devraient pas avoir d'impact direct chiffré en raison de leurs modalités complexes de mise en œuvre », estime Euler Hermes.

En revanche, « on estime l'impact potentiel du Cice à 0,2 point de marge supplémentaire, qui pourrait se transformer en 0,2 point de dynamique d'investissement », estime Ludovic Subran en référence au crédit d'impôt compétitivité emploi qui devrait alléger le coût du travail des entreprises de 10 milliards d'euros en 2014 puis de 20 milliards les années suivantes. « Associées au Cir (crédit d'impôt recherche, NDLR) et aux investissements d'avenir (12 milliards d'euros), ces mesures pourraient tripler la dynamique de croissance annuelle des investissements », ajoute-t-il.

Les économistes de l'assureur crédit considèrent cependant que le nouvel impôt sur l'excédent brut d'exploitation inscrit dans le projet de budget pour 2014 « pourrait mettre à mal cette dynamique en créant une désincitation à l'investissement ».

Moteur de la croissance en France, la consommation serait « résiliente en 2014 à +0,4% », une faible accélération après la hausse de 0,3% en 2013. L'étude voit venir « un nouveau souffle pour les exportations avec 18 milliards d'euros de demande supplémentaire adressée à la France en 2014 » et ce « grâce à la fin de la récession en zone euro » qui concentre 60% des exportations françaises. La balance commerciale ne se réduirait que légèrement, avec un déficit réduit à 67 milliards d'euros au lieu de 70 milliards en 2013, selon Euler Hermes.

L'assureur mise sur un déficit public à 3,8% de PIB fin 2014, contre 4,1% en 2013, et supérieur à la prévision de 3,6% du gouvernement dans son projet de budget. Pour parvenir à l'objectif de 3% en 2015 « un nouveau tour de vis est à prévoir », estime-t-il.