Eric Berdoati, député-maire UMP de Saint-Cloud, candidat aux cantonales, a essuyé un refus de son agence habituelle du Crédit agricole pour l'ouverture de son compte de campagne, alors qu'il y a trois ans, pour les élections municipales, il avait pu le faire sans difficulté.
« Le responsable de l'agence a expliqué à mon mandataire financier qu'il avait reçu une directive du Crédit agricole disant qu'ils ne souhaitaient pas ouvrir de comptes de campagne », a-t-il expliqué. « Les bras m'en sont tombés. Pour nous, élus, c'est d'abord une obligation légale d'ouvrir un compte de campagne. Les établissements bancaires contreviennent à la loi », a-t-il ajouté. Le candidat UMP a finalement ouvert un compte au Crédit mutuel.
Des refus dans plusieurs banques
Annie Tournaud, candidate PS aux cantonales dans la même ville, a frappé à la porte de trois banques différentes et essuyé trois refus. « J'ai alors décidé d'aller à l'agence du Crédit agricole, où j'ai un compte depuis au moins 30 ans: nouveau refus. J'ai demandé un rendez-vous avec le directeur de l'agence qui m'a dit qu'il s'agissait d'une consigne du Crédit agricole d'Ile-de-France », a-t-elle raconté.
Alerté par plusieurs cas, le préfet des Hauts-de-Seine, Patrick Strzoda, a vérifié auprès des banques et de l'Etat. « Il lui a été dit qu'il n'y avait pas de consignes particulières et qu'il s'agissait d'une initiative locale », selon la préfecture. « L'ouverture d'un compte est laissée à la discrétion de la banque », a commenté Serge Maître, secrétaire général de l'Afub (Association française des usagers des banques). « En revanche, s'il y a une directive générale de l'établissement bancaire pour refuser d'ouvrir des comptes en raison de l'activité politique, elle serait attentatoire aux règles qui interdisent toute discrimination », a-t-il ajouté.
Contacté par l'AFP, le Crédit agricole d'Ile-de-France n'a ni commenté, ni démenti l'existence d'une directive. Dans la soirée, une source gouvernementale a fait savoir qu'une proposition de loi actuellement examinée au Sénat « portant simplification de dispositions du Code électoral et relative à la transparence financière de la vie politique » abordait la question de l'ouverture de comptes.