« Bien sûr, il s'agit d'une option parmi beaucoup d'autres, mais ce n'est pas une option qui est pertinente dans un futur proche », a indiqué vendredi le gouverneur de la banque centrale autrichienne à des journalistes, en marge d'une conférence de presse à Bratislava.
Lors de sa réunion mensuelle, qui se tenait exceptionnellement à Bratislava, la BCE a abaissé jeudi son principal taux directeur à 0,5%, son plus bas niveau historique, dans une tentative pour dynamiser l'économie de la zone euro. L'institution monétaire de Francfort (ouest) dispose de trois principaux taux d'intérêt : le taux directeur qui détermine le coût du refinancement auprès de la BCE sur les principales opérations de crédit; le taux de dépôt au jour le jour, auquel les banques privées peuvent placer de l'argent pour 24 heures auprès de la BCE; le taux de prêt marginal au jour le jour, auquel les banques peuvent emprunter auprès d'elle pour la même durée.
Jeudi, la BCE a également décidé d'abaisser d'un demi point son taux de prêt marginal, passé à 1% contre 1,50% auparavant. Elle a en revanche laissé inchangé le taux de dépôt au jour le jour, à 0%.
Aucun précédent dans une banque centrale
L'éventuel abaissement du taux de dépôt au jour le jour fait régulièrement débat, mais la BCE a, à plusieurs reprises, prévenu qu'un taux négatif serait synonyme d'entrée en « territoire inconnu ». Un taux de dépôt négatif reviendrait à faire payer les banques de la zone euro pour placer leurs liquidités auprès de la BCE. Si certains estiment que cette mesure permettrait de relancer les prêts entre banques et à destination des acteurs économiques dans la région, le président de la BCE Mario Draghi a évoqué « diverses conséquences non intentionnelles ». Toutefois, M. Draghi a indiqué jeudi que la BCE était « prête sur le plan technique » pour cette mesure.
Vendredi, Ewald Nowotny a toutefois estimé qu'une analyse scrupuleuse sur les possibles « effets secondaires et les effets psychologiques » d'une telle décision serait d'abord nécessaire. « Ce n'est donc pas pertinent à court terme », a-t-il insisté.
Un autre membre du conseil des gouverneurs de la BCE, Yves Mersch, a partagé vendredi la même analyse. « Il peut y avoir des conséquences non intentionnelles » de cette entrée « sur un terrain inconnu », a déclaré M. Mersch à des journalistes. « Aucune banque centrale dans le monde n'est encore allée dans cette direction, donc évidemment nous devons être prudents. Il n'y a aucun précédent », a-t-il ajouté.