"J'observe avec regret qu'il n'y a guère de réflexion générale sur la fiscalité en Europe", indique M. Frieden, en estimant qu'il faut "discuter notamment de l'instauration d'un impôt européen" ou encore "des standards internationaux communs en matière de lutte contre la fraude".
"Alors que nos citoyens ont un lien direct avec leur budget national, tel n'est nullement le cas pour le budget de l'Union européenne", déplore-t-il.
"Il serait donc utile de repenser le mode de financement du budget européen par une taxe européenne prélevée sur certains services ou produits, et qui serait directement affectée au budget européen", ajoute M. Frieden.
Parmi les pistes possibles, le Luxembourgeois cite "une taxe écologique européenne, par exemple une taxe carbone, ou une taxe sur certaines transactions financières", qui "se prêterait particulièrement bien à cette fin".
L'idée d'un impôt européen pour permettre à l'UE de bénéficier de ressources propres par rapport aux contributions des Etats n'est pas nouvelle.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, ne l'a pas exclue. Et le nouveau président permanent de l'UE, le Belge Herman van Rompuy, a évoqué en novembre la possibilité de créer un "impôt vert" européen, afin de réduire les contributions des Etats nationaux.
M. Frieden réaffirme par ailleurs son opposition à "un système d'échange d'informations automatique entre les banques et les administrations fiscales au niveau de l'Union européenne".
Un tel échange automatique est pratiqué par presque tous les pays de l'UE concernant les revenus de l'épargne des non résidents. Mais le Luxembourg, l'Autriche et la Belgique, avaient obtenu en 2005 de ne pas y participer.
L'opposition du Grand Duché et de l'Autriche bloque une série de réformes fiscales européennes, qui doivent à nouveau être abordées par les ministres des Finances de l'UE mardi.
Un échange automatique d'informations serait "contre-productif", alors que "seul un échange sur demande dans des cas spécifiques serait appliqué par le reste du monde", plaide M. Frieden.
Le Luxembourg a accepté en 2009 d'assouplir son secret bancaire, en se pliant aux normes de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en matière d'échange d'informations fiscales à la demande, et voudrait s'en tenir là.
Il bloque notamment un projet d'accord symbolique de l'UE pour coopérer contre la fraude fiscale avec le Liechtenstein.
"S'il s'agit de dire maintenant qu'il faut une autre clause" pour mettre fin à ce blocage, à savoir la remise à plat de l'ensemble de la fiscalité et la création d'un impôt européen, "des débats qui vont mettre des années et des années", la "ficelle" pour "noyer le poisson" devient "un câble", a déploré une source européenne à Bruxelles.