Envoi 1/4
Bonjour,
Dans le prolongement des échanges ci-dessus je vous propose de revenir sur le contrôle du « Taux débiteur réellement appliqué » et - plus spécialement - dans le cas d’une première échéance brisée (= majorée ou minorée).
=> Mais, en préalable, je voudrais vous rappeler trois choses qui ont déjà été plusieurs fois abordées sur ce forum ; soit dans cette file, soit dans une autre.
La première est que depuis le décret du 13 mai 2016 et plus particulièrement de la partie III de son annexe, la précision
« ainsi que pour celui du taux débiteur » laisse penser que pour le calcul des intérêts compris dans une échéance brisée il faille procéder comme pour celui du TAEG c'est-à-dire en positionnant une échéance zéro (= date de mise à disposition des fonds) fictive une période avant la première échéance réelle et compléter par un calcul en nombre de jours exact pour la partie additionnelle.
Bien que déjà démontré à quelques reprises, pour bien concrétiser, je reprends un exemple volontairement grossi pour bien marquer les différences soit :
+ Montant crédit = 200.000€
+ Taux = 20%
+ Périodicité = mensuelle
+ Durée = 24 mois
+ Première mise à disposition de fonds = 2 mars 2019
+ Première échéance payée = 30 avril 2019
=> Soit option N° 1 = 59 jours d’intérêts dans cette première échéance majorée.
=> Soit option N° 2 = une échéance zéro fictive le 30 mars 2019 avec un calcul d’intérêts sur un mois normalisé auquel sont ajoutés 28 jours d’intérêts pour la période séparant le 2 mars 2019 au 30 mars 2019.
Option N° 1
+ Intérêts première échéance majorée = 200.000€ x 20% / 365 x 59
= 6.465,75€
Option N° 2
+ Intérêts première échéance majorée = [(200.000€ x 20% / 12) + (200.000€, x 20% / 365 x 28)]
= 6.401,83€
=> L’on peut remarquer que, dans cette hypothèse, l’option N° 2 est plus favorable à l’emprunteur de
6.465,75€ - 6.401,83€ = 63,92€.
Mais c’est du fait du hasard de cet échéancier car, dans d’autres cas, ce pourrait être exactement le contraire.
Sur ces pratiques, des juristes intervenants sur ce forum interprètent le texte ci-dessus évoqué comme visant uniquement le calcul du TAEG et donc non extensible au taux débiteur.
Bien que le code de la consommation en fasse cependant mention et qu’il serait peut-être plus prudent de vérifier quelle sera, sur ce sujet, la réelle position de la jurisprudence, dans les développements qui suivent cette option N° 2 avec échéance zéro fictive sera donc écartée.
Le second point concerne les réelles pratiques de conception des tableaux d’amortissement.
À maintes reprises j’ai déjà expliqué et démontré que - lors d’une première échéance brisée - deux techniques peuvent, suivant les banques et suivant les cas, être utilisées :
+ Dans les établissements financiers spécialistes des crédits à la consommation, la pratique assez courante est celle dite
« des échéances figées » qui résulte d’un lissage des mensualités.
Dans ce cas, les intérêts dus restant inchangés, c’est la part d’amortissement qui varie avec, bien entendu, un impact sur le capital restant dû.
Il en résulte un «
effet boule de neige » accroissant les intérêts payés dans le cas d’une première échéance majorée ; la conséquence est inverse dans l’hypothèse d’une première échéance minorée.
+ En revanche, dans les banques et en particulier dans les crédits immobiliers c’est la technique dite des
« amortissements figés » qui est utilisée.
Dans ce cas, seule la première échéance est, suivant le cas, impactée à la hausse (1ère échéance majorée) ou à la baisse (1ère échéance minorée)
et il n’y a aucun « effet boule de neige » puisque la partie « amortissement » de chaque échéance reste inchangée.
Dans les développements ci-dessous reprenant le cas d’école ci-dessus évoqué c’est cette dernière technique qui sera retenue.
Le troisième point concerne la possibilité - ou non - de calculer le taux débiteur réellement appliqué et par quels moyens.
Après investigations, dans des échanges antérieurs, Casaminor et moi-même avons conclu que si, au moyen de l’équation de calcul du TEG ou d’une fonction « Taux de Rendement Interne (TRI) d’un tableur il était possible de retrouver le taux de calcul des intérêts dans un échéancier
avec uniquement des échéances pleines (= mois normalisé)
ce calcul devenait impossible en présence d’une première échéance brisée ; majorée ou minorée.
À cela il y a deux raisons :
1) - Les intérêts compris dans une échéance brisée sont calculés en intérêts simples alors que les équations de calcul du TEG/TAEG font appel aux intérêts composés.
2) - Les fonctions de calcul du « Taux de Rendement Interne (TRI) » des tableurs ne sont utilisables que dans des échéanciers avec - uniquement - une périodicité régulière des échéances ce qui n’est plus le cas avec une échéance brisée.
Pour les mêmes raisons, il en est exactement de même si, sans faire appel à une telle fonction pré établie, l’on développe et utilise l’équation de calcul destinée au TEG/TAEG.
En revanche, à partir du TRI (tableur ou développement manuel équation de calcul) j’ai proposé un artifice qui, par interpolations et comparaisons en valeurs relatives, permet :
+ Une approximation dudit taux débiteur réellement appliqué.
En effet l’interpolation suppose une variation linéaire ; or dans le cas qui nous occupe il n’en est pas ainsi d’où seulement une « estimation » du taux.
+ Une conclusion fiable
(***) « Oui le taux réellement appliqué est conforme au taux débiteur contractuel » ou « Non le taux réellement appliqué n’est pas conforme au taux débiteur contractuel »
Tout est détaillé dans le billet ad hoc de mon blog dont lien ci-dessous :
Échéancier avec 1ère échéance brisée – Vérifier si le taux nominal proportionnel est conforme au taux débiteur contractuel
https://blog.moneyvox.fr/aristide/1...l-est-conforme-au-taux-debiteur-contractuelt/
(***) - Les développements initiaux et l’applicatif dès lors proposé ne concernaient que les échéanciers avec une échéance brisée et
sans lissage d’échéances ; donc avec une première échéance significativement différente des autres.
Dans tous les essais/tests que j’ai pu réaliser je n’ai trouvé aucune incohérence dans les résultats affichés
Mais, de par de nouvelles investigations et nouveaux développements dont il sera fait état ultérieurement, partant d’une première échéance brisée différente de toutes les autres, j’ai envisagé une possibilité de lissage desdites échéances.
Or, dans ce cas, compte tenu de cette variation non linéaire ci-dessus évoquée et de l’égalité de toutes les échéances (sauf dernière) après lissage, il peut arriver que cet artifice de comparaisons en valeurs relatives après interpolation donne des résultats moins pertinents.
Mais un autre calcul parallèle viendra alors rectifier les conclusions.
=> Pour résumer à ce stade préliminaire :
+ « Sur le papier » il existe deux façons de calculer des intérêts compris dans une première échéance brisée mais, ci-dessous, c’est la méthode traditionnelle :
=> « Intérêts = Montant x Taux% / année civile x nombre jours 1ère période » qui sera utilisée.
+ il existe deux pratiques de conception des tableaux d’amortissements.
Celle des « échéances figées » plutôt utilisée pour les crédits à la consommation des Établissements spécialisés avec lissage des échéances ; elle entraîne un « effet boule de neige » sur le volume des intérêts payés.
Puis celle des « amortissements figés » - sans « effet boule de neige » - utilisée par les banques notamment dans leurs crédits immobiliers.
=> C’est cette pratique qui, à partir du cas d’école ci-dessus, sera retenue dans les développements ci-dessous.
+ Dans un échéancier avec uniquement des échéances pleines ; donc périodicité régulière et utilisation du mois normalisé, il est possible d’utiliser l’équation du TEG ou/et la fonction « Taux de Rendement Interne (TRI) » des tableurs pour retrouver le taux débiteur.
+ En revanche, des recherches de Casaminor et de moi-même, il résulte que l’utilisation de l’équation « type 5 bis » de l’annexe au code de la consommation ci-dessus citée, prévue pour le calcul du TEG/TAEG est inadaptée.
Les équations « TEG/TAEG » résultent d’une convention d’utilisation parfaitement pertinente pour ce dont elles ont été prévues; mais elles ne le sont pas du tout si l’objectif est transposé vers le calcul/vérification du taux débiteur réellement appliqué.
Or il se trouve que, ici et là, contrairement à nos propres conclusions, l’on peut parfois lire que - sans ou avec une première échéance brisée - il serait toujours possible de calculer/vérifier un taux débiteur réellement appliqué en utilisant les équations conçues pour le TEG/TAEG.
C’est pourquoi, Casaminor et moi-même avons mené de nouvelles investigations afin « d’y voir bien clair ».
Ce sera l’objet des développements ci-dessous à partir du fichier Excel « Echéance brisée - Calcul-Tx débiteur » joint.
Précision : D’une part, s’agissant d’un cas d’école où l’on raisonne sur des principes, et, d’autre part afin de ne pas polluer les résultats, aucun arrondi n’a été effectué.
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